DOMARK SOFTWARE

1984 1996PuceRoyaume-Uni Londres (voir sur l'atlas)
C'est grâce à son fils et son C64 que Dominic Wheatley, petit-fils du romancier Dennis Wheatley et responsable de budget dans une petite agence de pub londonienne, découvre les jeux pour micro-ordinateurs. En se penchant sur ce marché, lui et son collègue Mark Strachan réalisent vite que ce marché au fort potentiel est encore totalement amateur du point de vue marketing et publicité, et que ce serait un point sur lequel une nouvelle société pourrait se démarquer (voir Trivia 1). Ni une ni deux, il font le tour de plusieurs investisseurs, parmi lesquels un certain Ian Livingstone, quittent leur emploi et fondent Domark en 1984 (voir Trivia 2). Et comme prévu, leur premier jeu est un gros coup marketing : Eureka ! est un jeu d'aventure textuel composé d'énigmes tortueuses conçues par Livingstone et programmé en Hongrie. L'idée ? Offrir 25000£ au premier joueur qui téléphonera à la compagnie avec le numéro fourni à la fin du jeu. Cette initiative inhabituelle offre au jeu une publicité inattendue (et gratuite) dans de nombreux médias, le jeu se vend suffisamment pour amortir le gros lot - gros lot décerné en public au jeune Matthew Woodley au PCW Show de 1985. Pour s'assurer une bonne publicité, Domark cherche également à se baser sur des licences fortes et populaires, que ce soient des films ou des jeux télévisés. Les premiers essais dans ce domaine (Friday the 13th et A View to a Kill) sont décevants, mais un célèbre jeu de questions/réponses canadien va leur donner un sérieux coup de pouce. En effet, Leisure Genius, l'éditeur spécialisé dans les adaptations de jeux de société sur micros, a décidé de passer son tour pour le Trivial Pursuit. Domark s'en empare, et le jeu, sorti en 1986, est un énorme succès, qui débouche sur plusieurs suites et une adaptation d'un autre classique canadien, le Pictionary.

En 1986 commence la grande guerre des licences de films et de jeux d'arcade entre éditeurs britanniques. Domark fait coup double avec la trilogie de jeux d'arcade "Star Wars". Du côté des films, ils restent fidèles à James Bond avec Licence to Kill et The Spy Who Loved Me. Du côté des jeux d'arcade, ils signent en 1988 un contrat de quatre ans avec Tengen, la division "conversions" d'Atari Games, pour l'adaptation sur micros de leurs bornes d'arcade. Seront ainsi concrétisés par ce deal pas moins de 17 jeux : Vindicators, Hard Drivin' (voir Trivia 3), APB, Toobin', Xybots, Klax, Badlands, Escape From the Planet of the Robot Monsters, Cyberball, S.T.U.N. Runner, Race Drivin', ThunderJaws, Hydra, R.B.I. Baseball 2 (sorti sur NES et pas en arcade), Skull & Crossbones, Pit-Fighter et Rampart. Ces jeux sont distribués aux Etats-Unis par Tengen, la plupart des autres jeux Domark le sont par Broderbund - qui bénéficie en retour de leur distribution sur le sol anglais. En pleine croissance, la société, qui faisait appel jusque là à des développeurs externes, monte son équipe de développement interne, baptisée The Kremlin, et rachète Incentive Software.

L'autre stratégie marketing qui permet de populariser Domark auprès du grand public et des journalistes, c'est l'implication de ses deux fondateurs qui n'ont pas peur de mouiller leurs chemises. Non contents d'apparaître dans les salons de jeux vidéo, ils se mettent aussi en scène dans les photos de presse envoyées aux magazines pour annoncer la sortie de tel ou tel jeu. Quand ils ne font pas du ski nautique pour la sortie d'un James Bond ou ne posent pas avec les marionnettes de Spitting Image pour le jeu du même nom, ils se déguisent en Michael Myers pour Friday the 13th, en lords anglais pour Trivial Pursuit, en hippies pour Trivial Pursuit : Baby Boomer Edition, en footballeurs américains pour Cyberball et en chevaliers et princesse pour Castle Master ! (voir Trivia 4)

Avec la fin du contrat les liant à Tengen et la baisse d'intérêt pour les adaptations d'arcade (ainsi que la très moyenne qualité de leurs dernières conversions), Domark doit se réinventer. En 1992, une branche est ouverte aux Etats-Unis, où Dominic Wheatley part s'installer. Le catalogue se diversifie avec les simulateurs de vol de Simis, les jeux de gestions d'équipe de football Championship Manager (un énorme succès commercial inattendu), le jeu de rôles Shadowlands... Ils se tournent également vers les développements sur consoles Sega, avec des valeurs sûres (James Bond, l'adaptation de Prince of Persia sur Master System et Game Gear, celles de Syndicate et Theme Park sur Mega CD), mais aussi les risques financiers que cela implique - la production de cartouches coûte cher. Leur seul développement pour consoles Nintendo - Marko's Magic Football, un clone de Soccer Kid sur Super NES - manque de leur être fatal : il nécessite des cartouches de 16 Mo, un investissement lourd suivi par des retards de production qui ont plombé leurs comptes.

Le 25 septembre 1995, coup de theâtre : Domark est racheté par le groupe Eidos PLC, ainsi que Simis et Big Red Software. Les trois entreprises rachetées fusionnent pour devenir Eidos Interactive, Mark Strachan quitte la société, et c'est une nouvelle ère qui commence. (voir Trivia 4 bis)

Trivia 1
Se "domarker", même, si je puis me permettre ce jeu de mot affligeant.

Trivia 2
Leurs prénoms devraient suffire pour comprendre d'où vient ce nom.

Trivia 3
Dont une borne se trouvait dans les locaux de Domark, à de pures fins professionnelles, cela va de soi.

Trivia 4
A ce titre, on peut regretter qu'ils n'aient pas décroché l'adaptation de Teenage Mutant Ninja Turtles, cela aurait été croquignolet.

Trivia 4 bis
Et imaginez s'ils avaient perpétué cette tradition à la sortie de Tomb Raider !
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