UBI SOFT

1986PuceFrance Montreuil (voir sur l'atlas)
Autres noms : Ubi Soft S.A., Ubisoft Entertainment S.A.
Développeur, éditeur et distributeur français initialement basé à Créteil, Val-de-Marne puis à Montreuil, Seine-Saint-Denis (avril 1986).

Fondé par la fratrie bretonne des Guillemot (Claude, Michel, Yves, Gérard et Christian), déjà propriétaires de la société de distribution Guillemot International, la société Ubi Soft a pour objet la production, l'édition et la diffusion de logiciels de loisirs interactifs.

Ubi Soft signe son entrée en scène avec des titres un peu sombres, comme Zombi, Thanatos, Masque, Hurlements, Peur sur Amityville, sur le micro-ordinateur personnel alors en vogue en Europe, l'Amstrad CPC. Mais il ne faudrait pas cantonner Ubi Soft à ce type de jeux, puisque la société a en même temps lancé un quiz sur le septième art (CLAP Ciné) et un utilitaire d'animation de sprites (Graphic City); leurs publicités d'époque tentent d'ailleurs de rapprocher l'expérience des jeux Ubi Soft du cinéma. Par la suite, on le verra, la société se diversifiera sans complexes avec des jeux d'action et de sport. Ces logiciels sont réalisés majoritairement par des développeurs indépendants, le bureau exigu de Créteil servant surtout de point de rencontre et de signature de contrats. Ubi Soft prend également le relais de Guillemot International pour la distribution française de logiciels de jeux, tout en leur laissant la distribution de hardware (SNK, AdLib, Creative Labs) et de logiciels professionnels. Après deux années d'exercice, de grandes sociétés internationales font désormais confiance à cette jeune entreprise française pour la diffusion de leurs logiciels, comme Elite Systems (20000 exemplaires vendus de Commando, leur premier carton), Electronic Arts, Mirrorsoft ou bien Lucasfilm Games.

Au C.E.S. de Las Vegas de janvier 1988, le stand d'Ubi Soft, avec sa préversion d'Iron Lord, ne passe pas inaperçu. L'éditeur signe un contrat de distribution américaine de sept jeux avec Epyx, déjà distributeur attitré d'Infogrames. L'originalité de ce contrat est que les jeux en question restent à écrire, Epyx faisant confiance aux Français sur ce point. Et, gros avantage, ces logiciels seront distribués sous le label Ubi Soft, leur permettant ainsi de populariser leur nom sur le continent nord-américain. Pour finir les jeux à temps, les Guillemot rassemblent au printemps 1988 leurs développeurs indépendants dans une aile du château de la Grée de Callac. Ce château breton de la fin du XIXème siècle est situé à proximité de Redon et de Carentoir, un village où se trouve le hangar de stockage de leurs jeux, l'équipe de test (plus ou moins réduite à Serge Hascoët, qui est également le directeur de collection officieux) et la rédaction de leur magazine gratuit Micro World. Les développeurs sont hébergés dans ce cadre idyllique, tous frais payés, sous la direction de Gérard Guillemot, et travaillent à leur rythme sur les ordinateurs mis à leurs disposition; en échange, Ubi Soft les travaux de restauration du château. Cette expérience originale dure jusqu'au 20 décembre 1990, jour où le château est enfin classé monument historique.

Le lot initial de sept jeux comprend Iron Lord (qui ne sortira qu'en 1990 !), B.A.T., Night Hunter, Skateball, Puffy's Saga et Final Command (sous le titre "Station Zero"). Cependant, ils ne seront pas distribués par Epyx, alors en proie à de grosses difficultés financières; c'est Electronic Arts qui reprendra le flambeau. D'autres jeux, comme The Teller, seront réalisés au château, qui aura vu passer, entre autres, Ivan Jacot, Orou Mama, Michel Ancel, Marc Albinet...

La fin des années 80 est marquée par les débuts de l'internationalisation de la société, avec les créations des premières antennes locales et filiales de distribution en Grande-Bretagne (London), aux États-Unis (New York, San Francisco), en Allemagne (Düsseldorf) et au Japon (Tokyo). Leur catalogue de distribution est tel qu'un tiers des publicités de jeux étrangers pour micros dans un magazine porte la mention "Distribué par Ubi Soft". En revanche, les logiciels créés par des développeurs indépendants qu'ils éditent ne bénéficient pas de la même promotion, et passent même parfois presque inaperçus.

Après l'expérience la Grée de Callac, Ubi Soft doit se trouver un nouveau modèle de développement. D'un côté, les frères Guillemot souhaitent maintenir leur activité dans leur Bretagne natale, de l'autre il faut garder un pied dans la région parisienne, où se concentre l'activité informatique. Début 1991, il décident d'embaucher à plein temps plusieurs de leur développeurs freelance, soit dans leur nouveau local de développement à Redon, soit dans leurs nouveaux locaux franciliens, plus vastes mais tout aussi miteux, à Montreuil. C'est ainsi que sont réalisés quelques portages de jeux Star Wars sur consoles Nintendo pour LucasArts. Pourtant, contrairement à Coktel Vision qui réussissait parfaitement à gérer ses deux centres de développement complémentaires (Meudon-la-Forêt et Bordeaux), les frères Guillemot ont du mal à coordonner les efforts des deux studios. Ils tentent de ramener tous les développeurs à Montreuil, ce qui fait naître des rivalités et des regrets, pour finalement effectuer un virage à 180 degrés. En 1992, ils licencient une partie de leurs programmeurs et choisissent de ne plus faire appel qu'à des développeurs indépendants, alors que tous leurs concurrents vont dans une direction inverse. La plupart des jeux en développement tombent à l'eau (Lightquest, Le Jeu des bêtes, Valgaard, Joe the Monkey, C.L.E.I.A., Klor), le nombre de jeux français qu'ils éditent s'effondre (Celtic Legends, B.A.T. II, Starush). Ils financent même davantage de jeux allemands (Great Courts 2, Battle Isle, Dynablaster) et anglais (Street Racer sur consoles) ! En revanche, leur activité de distribution bat son plein, et la quantité invraisemblable de compilations qu'ils sortent entre 1990 et 1993 remplit leurs caisses.

De par la complexité croissante des jeux, il apparait alors peu probable de voir Ubi Soft se pencher à nouveau sur un jeu français. Et pourtant, vers la fin 1992, un de leurs ex-employés, Michel Ancel frappe à leur porte avec un dossier de 150 pages et une démo sur ST d'un projet de jeu de plateformes qui lui tient à coeur. La présentation est concluante : les frères Guillemot et Serge Hascoët valident son projet pour le sortir sur Super Nintendo, et par sur cartouches, mais sur CD-ROM ! Ils consacrent une partie de leur équipe parisienne au projet et encouragent Ancel à monter une équipe sur Montpellier, baptisée Ludi Media, pour l'épauler. Lorsqu'il devient évident que le lecteur de CD-ROM pour Super NES ne sortira jamais, le projet est ré-orienté sur deux consoles encore en développement, la Jaguar d'Atari et la PlayStation de Sony. C'est ainsi qu'en 1995, Ubi Soft revient avec un nouveau logo arc-en-ciel et sort, aux côtés de CD-ROMs familiaux (Kiyeko et les voleurs de nuit, Guitar Hits, la série Tim 7), deux jeux français : Action Soccer, conçu en France mais réalisé par leur nouveau studio roumain, et le jeu de Michel Ancel, Rayman, qui remporte un succès international tel qu'il relance pour de bon les activités de développement d'Ubi Soft.

Au milieu des années 90 , Ubi Soft ouvre deux nouvelles structures de distribution, cette fois-ci en Espagne (Barcelona) et en Italie (Milano). En 1996, la société est côtée en bourse et ouvre de nouveaux studios de production à Shanghai et à Montréal. Dans une description institutionnelle, la société assène ces chiffres : "l'édition de titres à grand succès comme POD et Rayman (respectivement 3 millions et 900 000 exemplaires vendus dans le monde) caractérise le dynamisme et l'esprit novateur de la société. Par ailleurs, 11 ans après sa création, Ubi Soft propose aujourd'hui plus de 1000 produits pour consoles et ordinateurs répartis en quatre lignes éditoriales : Jeu, Entraînement scolaire, Formation artistique, Jeunesse. Avec un chiffre d'affaires de 345 millions de francs, le groupe emploie plus de 500 collaborateurs dans le monde et entend poursuivre son développement en privilégiant ses trois orientations fondamentales :

* l'internationalisation, qui demeure une des priorités du groupe puisqu'il est présent dans 11 pays et diffuse ses produits dans 41 pays au total.
* le pari de la haute technologie, illustré par le partenariat développé avec Intel pour le lancement du jeu POD (voir Trivia 1)
* la recherche permanente de l'originalité et de la créativité pour des scenarii, des images et des sons toujours meilleurs.

Aujourd'hui n°1 de la diffusion de CD-ROMs de jeux en France et n°2 des producteurs européens de CD-ROMs, Ubi Soft se lance un nouveau défi : son objectif est de figurer parmi les 20 premiers éditeurs mondiaux d'ici l'an 2000". Fin de la description institutionnelle.

On l'a bien compris, Ubi Soft ne jure plus que par l'expansion à l'international et à la reconnaissance des plus grands noms comme Warner Brothers Interactive Entertainment ou encore Disney Interactive (voir Trivia 2). L'an 2000 est souvent comme une année charnière et effectivement, l'histoire s'accélère. La société lance et réussit une augmentation de capital (voir Trivia 3), elle soutient le lancement des nouvelles consoles comme la SEGA Dreamcast, elle se lance dans le jeu en ligne et le jeu sur mobiles via GameLoft et LUDI WAP (voir Trivia 4). Pour matérialiser ce changement, Ubi Soft abandonne son logotype arc-en-ciel pour un logotype circulaire imaginé par l'agence française Seenk, et elle se dote d'un slogan anglais que l'on peut admirer sur ses sites web internationaux : "Worlds to share".

La société a une soif de croissance par acquisitions. Ubi Soft annonce en 2000 la prise de contrôle du développeur américain Sinister Games (voir Trivia 5), du développeur britannique Grolier Interactive (voir Trivia 6) qui sont de belles "prises", mais c'est sans compter sur les trois suivantes. Effectivement, s'ajoutent à son portefeuille Red Storm Entertainment, la société auréolée par le renom de Tom Clancy, puis le développeur allemand Blue Byte et enfin la division "entertainment" de l'américain The Learning Company (2001). Cette seule acquisition augmente son catalogue de plus de 80 titres et lui procure surtout des licences prestigieuses comme Catz, Chessmaster, Dogs, Harpoon, Myst, Pool of Radiance™ ou encore Prince of Persia (cités ici par ordre alphabétique plutôt que d'importance).

Parallèlement, Ubi Soft diffuse les titres des grandes sociétés d'édition qui sont de plus en plus nombreuses à lui accorder leur confiance : Lucas Arts, Blizzard, Microprose, Activision...

Son adresse postale (1) : 1 voie Félix Éboué, 94000 Créteil.
Son adresse postale (2) : 28 rue Armand Carrel, 93108 Montreuil.
Son adresse postale (UK) : Vantage House, 1 Weir Road, Wimbledom, London SW19 8UX.
Son adresse postale (DE) : Zimmerstraße 19, 40215 Düsseldorf.
Son adresse postale (US) : 625 Third Street, 3rd Floor, San Francisco, CA 94107.
Son adresse postale (ES) : Can Vernet 14, 08190 Sant Cugat del Vallès, Barcelona.
Son adresse postale (IT) : Corso Garibaldi, 44, 20121 Milano.

Trivia 1
En partenariat avec Intel, Ubi Soft aurait été le premier éditeur à utiliser sa technologie MMX™. Pour le lancement américain du jeu, les deux sociétés ont organisé un concours avec des records à soumettre. Le plus rapide a été récompensé par une somme de 10.000$, les lots de consolation étaient constitués de volants ThrustMaster, de cartes ATI 3D et de tee-shirts.

Trivia 2
La signature d'accords de licences avec ces deux grands va permettre à Ubi Soft de développer des titres autour des univers de Batman™, Le Livre de la Jungle®, ou Donald Duck®.

Trivia 3
L'augmentation de capital va servir à participer à diverses opérations de croissance externe en Europe et aux États-Unis, mais aussi à financer la société Ubi Ventures S.A., spécialisée dans la création, la prise de participations et le financement de start-up et de sociétés liées à la nouvelle économie.

Trivia 4
Cette nouvelle entité créée avec Guillemot Corporation est spécialisée dans les services et les accessoires ainsi que les jeux pour téléphones mobiles selon les protocoles I-mode (Japon) et WAP (Europe et États-Unis). Parmi les autres "missions" de la société, LUDI WAP aurait également le développement de jeux hors ligne, sans plus de détails.

Trivia 5
Célèbre pour sa série de jeu auto Dukes of Hazzard, inspirée par le feuilleton éponyme connu en France sous le nom de "Sherif Fais-Moi Peur", Ubi Soft était déjà son éditeur européen, alors qu'aux États-Unis, le jeu a été pris en charge par SouthPeak Interactive. Sinister Games a également développé Shadow Company, un jeu d'action tactique en 3D temps réel, édité dans le monde entier par Ubi Soft.

Trivia 6
Grolier Interactive (UK) deviendra Ubi Studios Ltd.
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