Murder !

Présentation

Le Cluedo est un classique du jeu de société dont on peut ne pas se lasser, mais ce n'est pas un jeu d'enquête pour autant - simplement un jeu de déduction, comme beaucoup de jeux de cartes. Si on voulait se rapprocher d'une véritable investigation en conservant la rejouabilité infinie, quitte à sacrifier le mode multijoueurs qui n'a pas beaucoup de sens dans une enquête policière, cela donnerait Murder !, un jeu de Grant Harrison et Jason Kingsley passé un peu inaperçu. Les enquêtes y sont générées à partir d'une astuce qui rappelle le menu initial de Midwinter. La partie débute par une manchette de journal annonçant l'affaire, et vous pouvez en changer la date (du 1er janvier 1914 au 31 décembre 1945), choisir un des huit types et des huit noms de la demeure où l'intrigue aura lieu, et un des quatre niveaux de difficulté (novice, average, experienced, supersleuth). La combinaison de ces éléments créé une intrigue unique, que vous pourrez recommencer en choisissant les mêmes paramètres - inutile de sortir votre calculatrice, j'ai déjà fait le compte, cela fait 2.992.128 intrigues ! Vous pouvez aussi modifier la tête de votre détective, mais là c'est purement cosmétique.

Une fois la partie commencée, vous avez devant vous la victime et deux heures pour trouver l'arme du crime et arrêter le ou la coupable avant que Scotland Yard n'intervienne. Vos premiers pas consistent à regarder comment la victime a été tuée, afin de savoir quel type d'arme rechercher, ouvrir votre carnet pour voir qui a trouvé le corps, et aller l'interroger. C'est l'occasion de découvrir l'outil de dialogue : vous pouvez poser une question sur un lieu, une arme ou une personne, ou même le lien entre deux personnes, ou entre une personne et une arme. En cliquant sur la bulle, vous aurez une ou plusieurs réponses, et chaque réponse utile peut être consignée dans votre carnet si vous cliquez sur l'icône correspondante - ce n'est pas automatique. De toute évidence, les témoins passent leur temps à s'espionner mutuellement, car ils se souviennent quand telle personne est entrée ou sortie d'une pièce à la minute près ! Cela sera bien utile pour savoir qui se trouvait à proximité de la pièce du crime à l'heure fatale (c'est là que le plan est utile), qui a touché une potentielle arme à quel moment, et qui s'entendait mal avec la victime ou avait intérêt à s'en débarrasser.

Autre élément important du jeu : les empreintes digitales. Les objets et armes sont posés un peu partout dans la demeure, à la portée de tout le monde (il ne faut pas s'étonner après s'il y a des accidents), et vous pouvez collecter les empreintes que vous trouvez dessus. Pour associer une empreinte à un suspect, vous pouvez vous baser sur les témoignages, mais vous pouvez aussi nettoyer l'objet, le ramasser et le reposer à la place d'un autre, pas très loin d'un suspect en espérant qu'il le touchera pour obtenir ses empreintes. Une empreinte identifiée sur une arme peut constituer une preuve. Si vous pensez avoir trouvé le coupable, il suffit de le trouver et de lui passer les menottes.

Si pour vous "génération procédurale" est synonyme d'"infinité de parties qui se ressemblent toutes", ce n'est pas Murder ! qui va vous faire changer d'avis. Avec des noms interchangeables et des personnages qui se ressemblent tous (un visage et deux sprites pour les hommes et autant pour les femmes, même en changeant leurs coiffures, on les confond vite), les parties ne laisseront pas un souvenir aussi impérissable que Le Manoir de Mortevielle, mais si on accroche au concept, on peut vite s'amuser à les enchaîner en augmentant progressivement le niveau de difficulté. Au niveau novice, vous n'aurez que quinze suspects, un seul d'entre eux a un mobile. Au niveau le plus élevé, les mobiles ne manquent pas, et les vingt-deux suspects tripatouillent les objets ou utilisent des armes qui ne peuvent pas fournir d'empreintes.

Murder ! adopte une vue en 3D isométrique qui rappelle les grandes heures du ZX Spectrum (et du jeu Movie en particulier), dans des tons sépia pour faire vieillot. Ce serait une bonne idée en haute résolution, mais là le résultat est parfois brouillon et cela rend les objets difficiles à distinguer, surtout sur PC avec au mieux le mode EGA. Il faut aussi composer avec une interface vieillotte : des flèches de défilement mal placées, des commandes pas toujours claires (s'il est possible de donner un objet à quelqu'un ou le poser quelque part, je n'ai pas trouvé comment), un personnage qui fonce tout droit dans la direction que vous lui indiquez et qui traversera des pièces entières tant que vous ne l'arrêtez pas sur quelque chose - et il a beaucoup de mal à prendre des escaliers qui montent ! Murder ! est donc un des nombreux jeux de cette époque qui mériterait un remake qui corrigerait ses déauts et approfondirait ses possibilités, car son concept est addez original.

À noter que le jeu a été un échec commercial cuisant (sans doute parce qu'il n'est pas très spectaculaire), et la version C64, terminée et testée par certains magazines, n'est semble-t-il jamais sortie dans le commerce ou très peu de temps (elle était mentionnée dans quelques publicités). Elle est ardemment recherchée par le responsable du site Games That Weren't.

Lancement sous DOSBox

Lancez le fichier MURDER.COM.

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