Quand Microsoft aime les enfants...

En 1993, les États-Unis sont au bord de la récession économique et, si les relations internationales ont chassé les nuages de la guerre froide, l'économie est en plein désarroi. Un segment semble toutefois montrer une nette résistance au repli, c'est celui de l’Électronique Grand Public (E.G.P.) et plus particulièrement de ses porte-étendards Microsoft, Apple, Compaq et autres.

En décembre 1993, alors qu'un tiers des ménages états-uniens possède un micro-ordinateur à usage domestique, Microsoft décide de développer ses programmes et ses logiciels vers les plus jeunes, pour favoriser l'équipement des ménages en suscitant une demande de la part des moins de 14 ans. Le couple CD-ROM / Windows 95, facile à utiliser même sans connaissances informatiques, sera l'instrument de ce développement.

Cette politique ouvre des perspectives nouvelles pour les programmes éducatifs et culturels, avec la série Encarta, les premières encyclopédies, la série du Bus magique. Et parmi cette vague de ludiciels figure Fine Artist, un programme utilitaire créé en 1994, qui permet aux petits de créer des "œuvres d'art" avec du son et de la musique grâce à un moteur graphique révolutionnaire, Creative Writer.

L'aide en ligne s'incarne directement dans un personnage humanoïde reptilien mais rigolo, Mc Zee, épaulé par Mélanie et d'autres personnages secondaires. Tous habitent dans un bâtiment appelé "Imaginopolis" dont chaque pièce a une fonction (écriture, création de logos, galerie d'art).

Comme le succès est immédiat auprès des jeunes américains, Microsoft traduit le logiciel en allemand et le distribue en Europe.

Dans la foulée de ce succès, une suite est lancée mais, surtout, Mc Zee rempile dans l'univers du cinéma avec 3D Movie Maker qui sort en 1995 simultanément aux États-Unis, au Japon et en Europe, avec des versions traduites en allemand, espagnol, français, italien et japonais. C'est ce logiciel, portant fièrement son nom français : Mon atelier de cinéma en 3D, que vous avez entre les mains.

Approchez, nous allons vous le présenter !

Interface vieillotte mais apprentissage long à maîtriser

Après l'installation du logiciel et le visionnage de son logo et de son titre, vous accédez à un menu alléchant :
- Réaliser un nouveau film
- Travailler sur un film existant
- Visionner un film
- Réaliser un film avec Mélanie
- Trouver des idées pour un film
- Aller à Imaginopolis
- Quitter

Mc Zee et Mélanie vous entraînent sur les traces de James Cameron ou de Steven Spielberg en vous apprenant à incorporer des dialogues, à choisir des angles de vue, des scènes, des personnages, des thèmes musicaux. Le logiciel peut sembler facile à utiliser, en raison d'une interface très ''DOS", mais, ne vous y trompez pas, il est incroyablement riche : vous avez à votre disposition quarante personnages avec quatre costumes chacun, des accessoires par dizaines, des angles de vue qui permettent de réaliser des scènes en 6 à 8 images / seconde, grâce au moteur BRender mis au point par Argonaut Software. Les environnements en pré-rendu vous donnent un avant-goût du résultat final, et le film peut être enregistré sur le disque dur et conservé pour être visionné ultérieurement (mais seulement avec le même logiciel).

Le ''jeu'' a suscité un engouement tel qu'une communauté s'est formée à partir de 1998 et qu'un fan, Space Goat, a lancé en 2000 un site dédié où les auteurs en herbe pouvaient déposer leurs créations. Ce site fonctionne toujours aujourd'hui. Et nous vous en donnons les clés avec le lien suivant :
https://www.3dmm.com/movies.php?s=a865433780ee54d16c27c9d0b91c3b7c

Conclusion

Mon atelier de cinéma en 3D a révolutionné l'univers des utilitaires dédiés à la création. Non seulement ce logiciel s'est vendu par dizaines de milliers d'unités à travers le monde, mais il a su marier les technologies les plus avancées de la fin des années 90 avec la nécessité de se mettre au niveau des moins de dix ans en termes d'ergonomie et de maniabilité. Résultat, un titre toonesque mais exigeant qui continue, plus de 25 ans après, de passionner de nombreux utilisateurs dont l'enthousiasme s'est maintenu avec les suites et les clones successifs. Peter Molyneux lui-même, en 2005, a développé avec Lionhead un titre dédié à la création de films en 3D, sobrement intitulé "The Movies". Il n'en fallait pas plus pour qu'à Abandonware France, on en prenne acte et qu'on décerne un Abandonware d'or à ce titre pionnier, précurseur et cultissime.

Lancement

Jeu à lancer avec PCem et Win 95 ou 98, en 256 couleurs. Aucun bug constaté, pas de son qui grésille. Les meilleurs films à visionner seront, évidemment, ceux que vous aurez vous-même confectionnés !

Monsieur Panda (Jeu version française)

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