Alfred Hitchcock : The Final Cut

La maison du Docteur Dudujones

Alfred Hitchcock, si pour vous, ce réalisateur est le simple synonyme de "Maitre du suspense", pour moi, ce fut une véritable passion à l'adolescence. FR3 diffusait des vieux films policiers dans sa rubrique "Cinéma de Minuit" et j'ai découvert des polars passionnants de Fritz Lang ("Docteur Mabuse", "M le Maudit"), Billy Wilder ("Assurance sur la mort", "Certains l'aiment chaud"), Henri-Georges Clouzot ("Le corbeau", "Les Diaboliques") et mon premier Hitchcock : "Les 39 marches" (1935) ! Un vieux film en noir et blanc qui m'a tenu en haleine du début à la fin, malgré son côté désuet pour les années 90. Preuve que le budget et les effets spéciaux ne faisaient pas tout comparé à l'inventivité d'une technique de mise en scène maitrisée à la perfection. Heureux coup du sort, les éditions Atlas ont commencé à publier en kiosque la collection en cassettes vidéo et je me suis constitué, petit à petit, la totalité des films d'Alfred Hitchcock.

Jeune et innocent

Je me rappelle parfaitement la sortie de The Final Cut en 2001. Un jeu d'aventure inspiré de l'univers du cinéaste, je trouvais l'idée excellente et j'avais acheté le jeu rapidement, d'autant qu'il avait reçu un correct 75% dans le magazine PC Jeux, que je lisais chaque mois. Et puis comme souvent, on est happé par un autre jeu ou le travail et puis on oublie de revenir à nos coups de cœur et voilà pourquoi j'ai attendu 23 ans avant de me lancer dans l'aventure...

L'Ombre d'un doute

Le jeu s’introduit par une cinématique. Nous sommes un détective privé, nommé Joseph Shamly, et nous sommes recruté à contre cœur par une jolie blonde, muette, pour résoudre la disparition d'une équipe de tournage, dans le manoir de son oncle : Robert Marvin-Jordan. Nos parents sont morts dans un mystérieux accident de voiture, le jour de l'enterrement d'Alfred Hitchcock. Nous avons un don de médium sous la forme de visions de courts extraits vidéo, issu des films du réalisateur. Je n'ai personnellement pas accroché au scénario, dès le départ, trouvant l'intrigue bien confuse et artificielle, mais bon, continuons...

Le gameplay est conventionnel pour un standard jeu d'aventure point & click, mais nécessite l'utilisation du combo souris (pour chercher les indices, ouvrir et utiliser le PDA) et clavier (pour déplacer le personnage, activer les actions). L'ergonomie n'est pas parfaite mais cela reste correctement jouable et les touches sont reconfigurables. Votre détective se déplace dans des décors en 3D avec angles de caméra fixe et la touche action permet, aux endroits appropriés, de basculer sur un écran fixe à la 1ère personne pour trouver des indices. Les énigmes sont dans l'ensemble très faciles, à une ou deux exceptions près, les objets que l'on ramasse s'utilisent bien souvent au même endroit, vous n'aurez pas d'aller-retours interminables. Quelques passages d'action, plateformes ou chronométrés apportent un peu de variété au jeu.

Graphiquement, c'est plutôt joli et agréable à regarder, il y a un cachet, une ambiance dans les décors. Les doublages sont impeccables (à part le mainate à la voix agaçante), toute la partie des dialogues est bien interprétée. Enfin, le jeu n'omet pas un peu d'humour bien dosé, pour égayer cette sombre histoire.

Le jeu était presque parfait

Dès les premières minutes de jeu, vous allez découvrir les principaux crimes d'Arxel Tribe. Tout d'abord, un blocage assez récurent de la caméra: votre personnage sort du champ de vision...mais la caméra ne change pas. Du coup, il faut tâtonner à l'aveugle pour espérer revoir son personnage dans le champ de vision ou que la caméra daigne enfin changer d'angle. Bug indigne quand on rend hommage à Alfred Hitchcock, qui maitrisait chaque plan de ses films au millimètre ! Autre bug graphique: la transparence. Votre avatar ou les PNJ sont visibles à des endroits où ils ne devraient pas. On voit des PNJ à travers les murs alors que nous sommes dans la pièce d'à coté ou bien notre détective à travers un meuble ou une barrière. C'est un bug léger qui n’empêche pas de jouer mais nuit fortement à l'immersion. J'ai eu une fois, un passage de porte ou le personnage s'est bloqué. le jeu fonctionnait encore (PDA, réglages, sortie) mais les déplacement étaient impossibles. Un conseil, sauvegardez souvent. Si les dialogues sont parfaits, je n'avais pas abordé la musique. Ce sont de courts extraits des orchestrations de ses films, qui tournent en boucle et sont vite rébarbatifs. L'idée était louable, son implémentation est discutable.

Enfin, et c'est un avis du fan d'Hitchcock que je suis, avec la partialité qui s'accompagne, je trouve l'ensemble du scénario ridicule, sans un travail d'écriture respectueux du cinéaste. J'ai eu le sentiment, du début à la fin, qu'il fallait, au développeur, caser du Hitchcock au maximum, sans queue ni tête. Les puzzles font souvent référence aux titres de ses films, les clins d’œil, dans les décors, sont partout jusqu'à l'overdose. Les flashes du personnage sont des extraits souvent insignifiants des films d'Hitchcock et pourraient provenir de n'importe quel réalisateur.

Les joueurs sont du bétail

The Final Cut est pour moi une déception. L'univers d'Alfred Hitchcock est utilisé à des fins mercantiles mais ne rend pas vraiment hommage à son œuvre. Tout est rentré au forceps et l'ensemble est plutôt raté. J'ai même envisagé l'abandonware de plomb en y jouant. Mais en lisant des critiques d'autres joueurs, un anglophone, ayant noté les mêmes défauts, en concluait que le jeu pourrait éventuellement plaire aux fans d'Hitchcock alors que je pense exactement le contraire: The Final Cut est un jeu d'aventure moyen et plutôt facile, à réserver aux débutants dans le genre, pas trop regardants sur l'histoire. Pour les autres, si vous y jouez, vous risquez d'avoir des... Sueurs froides !

L'inconnu du Bug-Express

Attention, à lire avant l'arrivée en gare du chapitre 5 !
J'ai testé le jeu avec la version automatique qui fonctionne parfaitement mais qui comporte toujours un bug, tel qu'il a été publié en 2001 et que vous pouvez corriger manuellement chez vous avec le bloc-notes de Windows :
Pour contourner ce bug, il faut éditer le fichier EO6_Ali_015.dia (situé dans *:\Hitchcock\Data\01\Dia\Eng) avec le bloc-notes et supprimer les trois espaces supplémentaires à la fin du fichier. La dernière ligne doit se composer comme ceci: "8272 END" et un retour à la ligne.

Saville (Scans CD-ROM, boîte)

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