Silent Hill 3

La suite du premier Silent Hill

Silent Hill 2 avait été un épisode complétement nouveau, avec sa galerie de personnages et son arc narratif centré sur la folie d'un meurtrier happé par le déni. Ce Silent Hill-là est directement inspiré par le premier opus, qui avait fait la gloire de la PlayStation et avait damé le pion à la série Resident Evil, dans la course que se livraient les Survival Horrors.

Pour rappel, voici le contenu du premier Silent Hill : Harry Mason est le père adoptif d'une fillette nommée Cheryl. Après avoir enduré la perte de son épouse, Harry songe à prendre des vacances avec sa fille pour aller de l'avant et se rend à Silent Hill, cette ville balnéaire où sa femme et lui aimaient tant se retrouver autrefois. En arrivant aux abords de la destination, Harry fait une sortie de route et perd connaissance. Lors de son réveil, la ville est plongée dans le brouillard et Cheryl a disparu. Décidé à la retrouver, Harry erre dans les rues où grouillent des créatures fantomatiques qu'il doit combattre. Ses aventures le conduisent à rencontrer des personnages tourmentés qui en savent beaucoup plus que ce qu'il peut en attendre. Le jeu bascule dans un récit apocalyptique et mystique avec l'irruption de rites ancestraux qui font émerger les légendes les plus sombres du folklore américain. Et pour ne rien divulgâcher de la trame de ce troisième opus, nous ne dirons rien de plus, car la fin du premier volet est le point d'orgue de ce troisième opus.

Ici, tout commence dans un centre commercial, avec une jeune femme de 17 ans qui est prise d'une violente migraine et qui se retrouve dévorée par des cauchemars sombres et malsains qui l'emportent au tréfonds de son âme et au profond d'un passé occulté par le déni : cette jeune femme, c'est Heather. Heather Mason. Un lien la relie t-elle à Harry Mason et Cheryl Mason ?
Lâchez ce descriptif une minute et téléchargez donc le jeu, une grande aventure horrifique vous attend !

Premiers pas en enfer

Le générique vous immerge dans une ambiance romantique et sombre, et vous portez votre choix sur le niveau de difficulté. Le niveau facile en énigmes vous donne des casse-têtes sans difficulté, le niveau moyen est plus compliqué et le niveau difficile vous donnera du fil à retordre. Pour le niveau d'action, de facile (monstres moins nombreux et plus faciles à éliminer, munitions et trousses de soins pléthoriques) à difficile, vous avez également trois vrais crans de difficulté à relever. Sachez juste que votre humble testeur a coché le mode facile en énigmes et en action - et attention aux solutions sur le net, elles négligent le niveau facile et certains objets incontournables pour avancer dans les modes supérieurs sont inutiles dans le mode facile : j'ai erré sans fin à la recherche d'un flacon de javel alors que ce produit n'avait pas de raison d'être en mode facile. Du coup, la solution ne doit pas être consultée sauf si vous êtes vraiment bloqué !

Après vous être familiarisés avec les touches dans les options paramétrables (vous pouvez jouer avec manette ou avec clavier et souris), vous allez pouvoir vous lancer sur les pas de Heather, assoupie sur une table de café où les lumières tamisées vont filtrer l'obscurité des catacombes de l'enfer : ce voyage au bout de la nuit vous fait glisser dans un parc d'attraction fantôme, première étape d'un vrai aller simple pour l'enfer ! Entrez donc, mesdames et messieurs, l'entrée c'est par ici !

Cinquante nuances de sombre

Lorsque la Silent Team de Konami s'est attelée au projet de ce troisième opus, le chef d'oeuvre qu'estSilent Hill 2 était tout juste sorti. Le parti-pris du studio est alors de s'orienter un peu plus dans le jeu d'action, avec un scénario plus linéaire et un gameplay moins enclin à faire des allers et des retours sans fin pour débloquer une énigme. Du coup, ce que l'on gagne ici en mouvements, en dynamisme, en linéarité et simplicité, on le perd en temps de jeu : comptez une belle dizaine d'heures pour aller au bout du jeu en mode facile. Le manque de raccourci pour aller à la carte (obligé d'aller dans l'inventaire pour cliquer sur carte, à condition de l'avoir trouvée dans un élément de décor) est sans doute le second défaut notable pour cette version PC qui, à l'inverse, a ajouté la possibilité de sauvegarder en plus des points de sauvegarde prévus à intervalles réguliers.
Mais concentrons-nous sur ce très joli jeu, qui dépasse en esthétique ce qui faisait l'éclat du précédent opus !

Dans cette aventure, vous allez tout de suite plonger dans l'action, à travers un cauchemar éveillé de notre héroïne qui s'est assoupie dans un bar d'une galerie commerciale. En voulant échapper à un personnage étrange, qui insiste pour lui faire des révélations à propos de son passé, Heather va s'enfermer dans les toilettes du centre commercial et... n'en sortira que pour se retrouver confrontée à un dédale de couloirs sombres hantés par des monstres difformes. Et de révélations en révélations, votre avatar va s'enfoncer dans un labyrinthe de plus en plus obscur, entre nuances de gris et palettes de rouge sang, vous rencontrerez des personnages torturés et inquiétants dans un monde glauque qui dégouline de malaise et d'horreur. Le centre commercial se termine par un premier boss et par un retour à des couleurs réelles. Mais c'est pour mieux se perdre et s'enfoncer dans des zones encore plus isolées et hantées, avec des monstres de plus en plus retors et des énigmes de plus en plus poussives. Le métro, véritable labyrinthe, puis un chantier, un centre administratif, un immeuble insalubre. Ce n'est qu'à la moitié du jeu que vous allez retourner à Silent Hill, et pour retrouver des coins que les joueurs des deux opus précédents connaissent bien. Les ruelles embrumées de la cité balnéaire, l'hôpital hanté par des infirmières mutantes, et une plongée dans des rites ancestraux qui vous expédient dans une religion païenne et morbide. Jusqu'à la fin ultime (ou plutôt les trois fins puisque Silent Hill propose toujours des fins qui permettent de proposer la re-jouabilité à celui qui n'a pas obtenu la bonne fin du jeu), vous allez récolter des armes de plus en plus précises et meurtrières, sachant que les ennemis seront de plus en plus durs à éliminer. Les plans sont dignes des meilleurs films d'épouvante, avec des visages travaillés à souhait, des effets dérangeants comme ces cadavres de monstres qui hantent des recoins de couloirs que la lumière blafarde de la pile de Heather viennent balayer. Une roue de fauteuil renversé, en train de tourner pour montrer que son occupant n'est pas loin, un pendu qui se vide de son sang au-dessus de votre visage, un téléphone qui sonne au moment où vous entrez dans une chambre sinistre d'un asile psychiatrique, rien n'aura été laissé au hasard par l'équipe de Silent Team.

Conclusion

Votre humble testeur a déjà réalisé le test du second Silent Hill, et l'abandonware d'or est resté gravé dans ma mémoire comme largement mérité. Si j'avais testé celui-ci avant le second, j'aurais certainement hésité à lui décerner une palme d'or, avec ses phases d'action plutôt bien filmées / dessinées, ses monstres beaucoup moins lourdingues et donc crédibles, et ses énigmes parfois compliquées. Mais la volonté d'avoir voulu relier cet opus avec le tout premier, que les seuls joueurs sur PlayStation ont pu tester, vient alourdir le scénario qui frise le cafouillage. L'idée d'arriver à Silent Hill à mi-chemin du jeu se perd avec un récit qui plonge le joueur dans un discours confus, et on finit par avancer dans les couloirs des bâtiments les plus sordides, à la recherche de la fin qui, sans franchement justifier les moyens, aura montré un grand écart entre le gameplay franchement réussi (avec des défauts tout de même en raison de caméras pas toujours judicieuses) et un arc narratif qui n'arrive pas à la cheville du second opus. On plonge en plein religion païenne, et l'avènement d'une sorte d'Antéchrist chargé de mettre le chaos sur la terre m'aura laissé indifférent. Un jeu très beau, très bien fait, mais une écriture qui ne tient pas ses promesses. A vous de le tester, en utilisant la merveilleuse version automatique de notre "dream team" technique, et écrivez vos commentaires pour me dire si vous avez trouvé mon test sévère ou bien justifié.

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