Garfield : Sauver Arlène

Introduction

Garfield est une bande-dessinée humoristique américaine, créée par l’auteur Jim Davis en 1978, et qui narre les aventures du chat éponyme, de son maître Jon et de son ami et rival le chien Odie. Traduite en une trentaine de langues et ayant généré plus d’un milliard de dollars à travers le monde, Garfield est un immense succès planétaire et intergénérationnel, et nombre de lecteurs à travers le globe connaissent ce gros chat orange à la silhouette si caractéristique.

Dans l’univers de Garfield, ce dernier est un chat obèse et paresseux, qui passe ses journées à dormir et à manger des lasagnes, qui aime par ailleurs tourmenter Jon et Odie à la moindre occasion, et qui est épris d’Arlène, une belle chatte rose qui semble parfois l’aimer parfois le détester. La bande-dessinée, forte de son succès, a été adaptée en de nombreux produits dérivés, tels que deux films au cinéma en 2004 et 2006, plusieurs dessins-animés, dont le premier remonte à 1982, et bien évidemment des jeux-vidéos.

Parmi les plus célèbres adaptations vidéo-ludiques du comic-strip, citons par exemple Garfield : Big Fat Hairy Deal sur micro-ordinateurs en 1987, [jeu_0,Garfield : Winter’s Tail] sur mêmes supports en 1989, ou encore Garfield : Caught in the Act sur Megadrive et Game Gear en 1995, et sur PC en 1996. Après ces adaptations en sprites 2D, Garfield se met à la 3D dans les années 2000, avec Garfield sur PC et PS2 en 2004. Loin d’être un bon titre, cette itération vidéo-ludique pose néanmoins les bases de ce que seront les jeux Garfield durant toute cette décennie, c’est-à-dire des jeux de plateforme colorés, reprenant le style graphique de la bande-dessinée, et dont le challenge limité permet à tous les publics de s’amuser.

C’est dans cette veine que son éditeur, Hip Games, cette fois-ci associé au développement à Eko Software, va sortir ce titre Garfield : Sauver Arlène l’année suivante sur PC et PS2 également. Toujours un jeu de plateforme en 3D avec un style graphique très coloré et très proche du comic-strip, cette nouvelle adaptation va néanmoins revenir sur la formule de son prédécesseur, en proposant cette fois-ci une aventure plus ouverte, où Garfield et Odie vont sortir de leur zone de confort pour aller sauver Arlène, capturée par la fourrière. C’est donc parti pour le test de ce titre haut en couleurs, aux côtés d’un Garfield ronchon mais néanmoins déterminé à aller secourir sa chère et tendre.

Principe du jeu

L’aventure commence alors que Garfield pique une sieste, comme à son habitude, mais est réveillé inopinément par le turbulent Odie. Après une claque bien méritée (ou pas) au pauvre toutou, le gros chat orange entend un camion, et espère qu’il s’agit enfin du marchand de glaces. Or, en s’approchant de la fenêtre, il constate qu’il s’agit en réalité de la fourrière, et pire, que Arlène se trouve prisonnière à l’arrière du camion. Intimant à Odie l’ordre d’aller la sauver, le gros matou ronchon se résout finalement, et se décide d’aller la secourir lui-même, non sans l’aide de l’attachant mais exaspérant cabot.

Garfield se retrouve ainsi dans les rues de son pavillon, et l’aventure commence, ce dernier devant se rendre à la fourrière en passant à travers son quartier pour aller sauver Arlène. Garfield peut se déplacer dans toutes les directions, sauter et s’agripper aux rebords des plateformes. Très rapidement, ce dernier va pouvoir ramasser divers ingrédients sur sa route, tels que des tomates, des steaks, du fromage, du sucre, etc. L’originalité du titre vient en effet des différentes recettes de cuisine que Garfield peut préparer, ce dernier devant réunir trois ingrédients différents bien spécifiques afin de cuisiner un plat et de pouvoir utiliser l’aptitude associée à ce mets.

Ainsi, si Garfield réunit une tomate, un steak et un morceau de fromage, il peut préparer de délicieuses lasagnes qui lui permettront de régénérer sa vie. En remplaçant la tomate par du pain, Garfield peut préparer un hamburger, ce qui lui permettra d’envoyer valser Odie à coup de pied, et permettre à ce dernier d’atteindre une plateforme auparavant inaccessible. Avec du sucre, du lait et un morceau de fromage, Garfield peut préparer un cheesecake qui lui permettra de gonfler et de planer dans les airs. Si Garfield remplace le fromage par une glace à la vanille, le milk-shake ainsi créé permettra au gros matou de sprinter pendant une certaine durée. Et enfin, si Garfield réunit une boîte de haricots, un steak et un piment, ce dernier sera alors capable avec ce délicieux chili de cracher du feu afin de brûler divers obstacles qui vont lui barrer la route.

Ainsi armé de ses super-pouvoirs gastronomiques, Garfield accompagné de Odie va devoir se frayer un chemin à travers 9 niveaux situés dans son quartier. Les deux compères vont donc traverser des jardins, des égouts et même une usine de réveils avant de parvenir à la fourrière. Dans ces différents endroits, ils vont rencontrer quelques ennemis, en particulier des chiens particulièrement avides de courir après Garfield. Les plus petits d’entre eux sont faciles à battre avec un coup de pied ou un coup de queue, mais les plus gros vont demander aux deux acolytes de ruser pour pouvoir se frayer un chemin derrière eux.

Le joueur trouvera régulièrement sur son passage des os, qu’il pourra lancer à Odie afin d’amener ce dernier à un endroit souhaité, en particulier de l’autre côté d’une étendue d’eau, le gros chat orange ne se mouillant pour rien au monde. De plus, Garfield pourra siffler Odie, afin que ce dernier rapplique à ses pieds, pouvant au passage casser des obstacles ou assommer des ennemis. De manière générale, la coopération entre les deux acolytes sera la clé pour traverser tous les niveaux et mener à bien cette opération de sauvetage.

Garfield a quatre c??Å"urs de vie, et encaisser un dégât fait baisser cette jauge d’une ou de plusieurs unités. Heureusement, ce dernier va trouver sur son chemin de nombreux Pookies, son adoré ours en peluche. Au bout de 10 Pookies ramassés, Garfield regagne une vie, sachant qu’un Pookie doré en vaut 5 normaux. Pas de panique donc concernant les ennemis ou les chutes, Garfield aura très rapidement de nombreuses vies qui lui permettront de se maintenir sur ses deux pattes arrières à travers toute la durée du jeu.

En résumé, l’aventure de Garfield : Sauver Arlène est une agréable virée à travers une banlieue pavillonnaire américaine, où un gros chat obèse et fainéant décide de faire un peu de sport pour aller sauver son amoureuse, tel un certain plombier moustachu dans un titre paru 20 ans plus tôt. L’histoire est simple mais efficace, les différents niveaux sont agréables à parcourir, la difficulté assez faible rend le titre agréable pour tous les publics, Garfield distille de temps à autre des réflexions cyniques et désabusées, tel son homologue dans la bande-dessinée, et les pouvoirs liés aux recettes sont un bon ajout par rapport à un jeu de plateforme classique. Une aventure qui ne réinvente pas la roue, mais qui reste agréable à parcourir le temps qu’elle dure.

Graphismes et sons

Comme évoqué précédemment, Garfield : Sauver Arlène est basé directement sur la bande-dessinée de Jim Davis, et en reprend très fidèlement la direction artistique. Le titre est coloré, tout en dessins de bonne qualité, les personnages gardent les traits de ceux du comic-strip et les animations de ces derniers sont tout à fait réussies. Non seulement le titre est beau et coloré, mais il est également respectueux du matériau original, le joueur ayant sans cesse l’impression de ‘’jouer à une bédé animée’’. Par plusieurs moments, l’écran se scinde en plusieurs cases de bandes-dessinées, la case principale filmant Garfield et la case secondaire mettant en lumière un point d’intérêt, tel qu’une plateforme à atteindre ou un bouton sur lequel appuyer. Cette esthétique planche de dessin très soignée est l’un des atouts principaux du titre, et ce dernier figure parmi les jeux de plateforme en 3D les plus beaux de son temps.

Côté bruitages, ces derniers sont de bonne facture, que ce soit au niveau des jappements des chiens ennemis, des bruits de pas de Garfield et Odie, des tuyaux d’arrosage qui irriguent les jardins, des tuyaux de gaz qui fuient dans les égouts, ou encore de l’eau qui clapote lorsque Odie nage dedans ; l’ensemble du sound design est réussi et participe à l’immersion du joueur dans cette aventure cartoonesque. Petit bémol cependant pour les voix françaises, pas aussi justes et marquantes que celles du premier dessin-animé Garfield de 1982-1994 et qui collaient parfaitement aux caractères des différents personnages.

Enfin, côté musiques, ces dernières sont également une réussite, et collent parfaitement à l’ambiance dessin-animé du titre. Cartoonesques et entraînantes, ces dernières sont complètement dans le thème du jeu, et méritent amplement d’être laissées allumées durant toute l’aventure, la piste changeant à chaque niveau.

Réussite dans son histoire et dans son aventure, Garfield : Sauver Arlène triomphe également sur la forme, puisque ce dernier, tant pour les graphismes que pour les sons et les musiques, possède un design et une esthétique particulièrement soignés qui engagent le joueur à pleinement apprécier l’expérience, et à rester sur le jeu à chaque fois encore un petit peu plus de manière à découvrir les visuels ou la musique du niveau suivant.

Gameplay

Concernant les contrôles et la maniabilité, Garfield se man??Å"uvre très bien et est facile à diriger, ce dernier répondant parfaitement et très rapidement aux inputs du joueur. Si le jeu au clavier reste possible, c’est à la manette que le titre reste le plus agréable.

Cependant et comme évoqué précédemment, Garfield : Sauver Arlène reste intrinsèquement un jeu extrêmement simple, voire simpliste. Les différents puzzles ne sont pas compliqués à résoudre, les ennemis ne sont pas très nombreux et ont un champ de vision très réduit, Garfield peut très rapidement accumuler un nombre important de vies, et les phases de plateforme ne posent pas vraiment de difficulté. Même si le titre s’adresse en priorité aux enfants, l’absence de challenge pourra rebuter les joueurs plus âgés et expérimentés qui n’y verront qu’un simple couloir facile à traverser. Il aurait peut-être fallu proposer plusieurs modes de difficulté, l’un pour les enfants et l’autre pour les joueurs désirant ne serait-ce qu’un minimum de résistance, celle offerte par le titre restant ponctuelle et anecdotique.

De même, si Garfield : Sauver Arlène se parcourt sans grande difficulté, il s’agit également d’une expérience passablement courte, ce test n’ayant duré que 4h environ. Les niveaux du titre, en nombre relativement limité de prime abord, sont extrêmement linéaires et n’offrent aucun objectif secondaire à réaliser en supplément de la fin du niveau. Si l’aventure reste fort agréable, elle ne dure malheureusement que trop peu pour que l’on puisse savourer pleinement l’expérience.

Enfin, jeu de plateforme en 3D des années 2000 oblige, la caméra semble par moments un peu perdue, filmant ici et là des endroits que le joueur ne souhaite logiquement pas voir. Alors certes, certaines phases avec une caméra fixe semblent un peu relever le niveau, mais lors de toutes les phases en caméra libre le joueur est sans arrêt forcé à faire pivoter manuellement la caméra pour que cette dernière se fixe enfin sur la plateforme ou l’ennemi que le joueur souhaite visionner. Dommage car ces moments passés à s’occuper de la caméra cassent un peu le rythme, et peuvent même parfois faire en sorte que Garfield se fasse toucher si par exemple un ennemi surgit d’un endroit que la caméra ne cadre pas.

Conclusion

Garfield : Sauver Arlène reste une aventure extrêmement sympathique, avec une histoire touchante, des pouvoirs intéressants, une bonne dose d’humour, des niveaux agréables à parcourir, une coopération entre Garfield et Odie cruciale qui donne lieu à de bonnes phases de gameplay, des graphismes attrayants avec des dessins hauts en couleurs et une esthétique très soignée, respectueuse et proche du matériau original, des bruitages et des musiques de qualité et enfin des contrôles et une maniabilité au poil. Cependant, sa trop grande simplicité, sa linéarité, sa caméra et sa (trop) faible durée de vie lui font un peu défaut.

Malgré ces quelques griefs, Garfield : Sauver Arlène reste un bon titre et permettra aux enfants et aux curieux de s’amuser une bonne soirée durant. Si les adaptations vidéoludiques de la bande-dessinée de Jim Davis sont généralement d’une qualité très variable, il se pourrait bien que celle-ci fasse partie des meilleures, tant ses qualités sont attrayantes et ses défauts finalement pas si handicapants que cela. Une virée agréable qui mérite donc d’être soulignée et félicitée.

Après cette itération vidéoludique des aventures de Garfield, la licence connaîtra d’autres opus, tels que Garfield 2 tiré du film du même nom en 2006, ou encore Garfield : Lasagna World Tour, extrêmement proche et inspiré de Garfield : Sauver Arlène, et paru deux ans après ce dernier en 2007. À partir de la décennie suivante, le gros chat orange va expérimenter d’autres genres, tels que le jeu de course avec Garfield Kart en 2013, le jeu de combat avec Nickelodeon All-Star Brawl en 2021 ou encore le party-game avec Garfield Lasagna Party l’année suivante. Cependant, les jeux de plateforme tirés de la célèbre bande-dessinée se font rares, et le monde a probablement besoin désormais d’une nouvelle grande aventure Garfield en 3D. À bon entendeur...

-IceTea- (Commentaire, screenshots, Jeu, scans CD-ROM)

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