Homey D. Clown

Présentation

Connaissez-vous Homey D. Clown ? Si vous n'avez pas passé du temps aux États-Unis au début des années 90, la réponse à cette question est bien évidemment "pas du tout". Laissez-moi donc vous resituer le contexte. "In Living Color" est une émission à sketches diffusée sur la chaîne Fox TV de 1990 à 1994. Au générique, il y a la famille Wayans (Damon, Keenen Ivory, Kim, Shawn et Marlon), ainsi qu'un certain Jim Carrey, pas encore star de cinéma. Et parmi les personnages récurrents du show, il y a Homey D. Clown, un clown antipathique (incarné par Damon Wayans) qui est en réalité un détenu obligé d'effectuer des travaux d'intérêt général pour réduire sa peine, et donc de faire le clown à son grand déplaisir. Hé bien croyez-le ou non, mais quelqu'un chez Capstone a trouvé que cela serait une super idée de jeu vidéo et en a signé la licence. C'est un peu comme si un éditeur français nous avait sorti un "Mizou Mizou : le jeu vidéo" ou un "Didier l'embrouille fighting". Ou, encore plus improbable, comme si Titus avait sorti un jeu basé sur un sketch de Lagaf'. Une fois le contrat signé, Capstone a donc passé commande du jeu à Synergistic Software - et même double commande, puisqu'il y avait "The Beverly Hillbillies" dans le lot. Et Synergistic Software avait beau avoir plus de dix ans d'expérience, il n'y a pas eu de miracle : le cocktail "développement de jeux à licences pour raisons alimentaires" + "deux jeux faits en même temps" + "éditeur pas réputé pour ses exigences qualitatives" a débouché sur deux logiciels catastrophiques.

Vous voila donc dans le rôle d'Homey D. Clown qui doit effectuer une prestation pour la société Artopos Productions, mais le message est mélangé à trois autres post-it, il va donc falloir visiter les quatre lieux indiqués pour localiser Artopos, tout en évitant les attaques du clown rival Klutzo qui veut lui aussi le job. Les zones intérieures, affichées dans une fenêtre, contiennent souvent quelques objets utiles en fouillant bien (le curseur se transforme en croix) et des personnages avec qui établir un dialogue rudimentaire. Mais l'essentiel du jeu se déroule dans la rue, et vous allez y découvrir plusieurs choses. Tout d'abord que le maniement du clown est pénible : ses mouvements sont aussi saccadés que le scrolling, et si vous changez de direction, il s'arrête souvent et a du mal à repartir. Vous allez croiser plusieurs personnages, qui se déplacent le plus souvent horizontalement ou verticalement en suivant exactement le mouvement de votre clown, ce qui signifie qu'il est difficile, voire impossible de les contourner (c'est voulu). Certains sont juste des touristes qui vont demandent un tour, et vous pouvez les envoyer balader avec une réponse bien sentie (parmi lesquelles "Homey don't play that", réplique culte du personnage). Tout comme les employés de bureau, en vous frottant à eux, il est possible d'avancer par à-coups. D'autres sont des voyous qui veulent juste voler votre argent, vous tabasser et vous envoyer à l'hôpital - il faut alors faire un détour, ou dans certains cas passer en force en partant de loin et en fonçant très rapidement. Dans le décor, il y a aussi des objets que l'on peut ramasser (ou poser par terre), et que l'on pourrait confondre avec le décor : pièces de 50 cents, billets, jetons de métro, et d'autres choses. Les vêtements sont importants : en en mettant un sur votre clown (une casquette, une cravate, ou même un carton sur la tête), certains personnages le laisseront passer. Il y a des bâtiments que l'on peut visiter, sans qu'il soit évident de savoir du premier coup si un trou ou une porte ont une utilité ou servent juste à faire joli, ainsi qu'un métro payant pour accéder aux différentes zones du jeu. Vous tomberez aussi sur des joyeusetés comme un labyrinthe sur le toit de l'immeuble, ou une zone pleine de portes qui vous envoient aléatoirement à un autre endroit du niveau, sans la moindre logique. Dois-je aussi mentionner l'infirmière qui revient de temps en temps pour vous renvoyer à l'hôpital ? Ou la possibilité de donner des coups avec votre chaussette remplie de talc (avec 'AltGr'+'(' ou 'AltGr'+')', très pratique), même si cela n'a strictement aucun effet ?

Il n'y a rien à attendre de la réalisation non plus. Si vous trouvez que les décors ont un air de déjà-vu, c'est que vous avez peut-être joué auparavant à N.Y. Warriors, un jeu précédent de Synergistic Software. D'accord, ça se situe dans la même ville, mais tout de même... De toute évidence, il y a eu du recyclage d'assets d'un soft vieux de trois ans pour gagner du temps, ce qui aurait fait tousser le commanditaire du jeu en temps normal, mais là c'est Capstone donc c'est bon. La bande-son est composée de quelques musiques AdLib stridentes et médiocres, de bruitages banals et deux-trois voix digitalisées. Je pourrais aussi vous parler de la perspective douteuse, de la façon dont le clown se prend les pieds dans le décor, de la possibilité de s'y faire coincer par un personnage sans autre possibilité que de recharger une partie, mais on ne va pas épiloguer des heures. Homey D. Clown a une réputation exécrable, et on ne peut pas dire qu'il l'a volée. C'est assez ironique d'avoir fait un jeu sur un personnage dont la réplique favorite est "Homey don't play that", mais au moins c'est un conseil avisé.

Lancement sous DOSBox

Lancez le fichier HOMEY.EXE. SNDCON.EXE permet de choisir les cartes sonores à utiliser.
Sur l'interface, 'G' et 'S' donnent accès au menus de sauvegarde/chargement et de configuration, et les flèches font défiler l'inventaire (qui peut contenir 24 objets). Placez un objet sur Homey pour le regarder ou l'utiliser.

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