The Aztec - True History of Empire

Introduction

Est-ce que vous vous êtes déjà retrouvé face à un jeu qui vous laisse sans voix ? Un titre où visiblement les développeurs ont, par volonté artistique ou un manque de budget, de compétence ou de temps volontairement envoyé valser les conventions existantes pour produire un titre avec une proposition au mieux décalée, au pire complètement stupide et injouable. Un jeu qui pour le meilleur et pour le pire ne laisse donc pas indifférent, et qui semble tout droit sorti d’une ligne temporelle parallèle où ce qui fait pourtant l’ossature d’un genre semble n’avoir jamais existé.

Jusqu’à présent, aucun jeu ne m’aura provoqué un tel sentiment que The Aztec (sous-titré "True History of Empire"), aussi appelé "Die Azteken" si j’en crois mes captures d’écran, mais aussi "Aztec Wars" aux Etats-Unis. Un jeu de stratégie en temps réel (ou STR) que j’ai obtenu en avril 2025 encore sous blister, et qui n’a jamais connu l’honneur d’une sortie officielle en France (comme quoi, des fois, on est quand-même chanceux…). Un jeu sorti en 1999, soit la même année que Age of Empires 2 : Age of Kings, Command & Conquer : Soleil de Tibérium, ou encore Warzone 2100 et Total Annihilation : Kingdoms et développé par le studio russe New Media Generation, sous la houlette de l’éditeur allemand Magnussoft qui s’occupera de la distribution du jeu en Europe. Et tout de suite ça part mal, car Magnussoft n’est pas franchement réputé pour la qualité des titres qu’ils éditent, l’éditeur étant surtout orienté vers les jeux “Budget” vendus à petit prix. Un petit prix qui se ressent lorsque l’on ouvre la boîte et qu’on découvre avec une certaine déception l’absence de manuel, que ce soit en papier ou sur le disque. Il va donc falloir se débrouiller avec les informations en jeu pour pouvoir apprendre à jouer à The Aztec, et vous allez voir, l’expérience dépasse de loin tout ce que vous pourriez imaginer.

D’ailleurs on va pouvoir s’intéresser un peu à ladite boîte, surtout au dos. On peut y lire des arguments de vente aussi incroyables que “Laissez votre imagination vagabonder dans une fantaisie sanglante en 3D !”... Incroyable, c’est la première phrase de la boîte et c’est déjà un mensonge, le jeu utilise une 2D isométrique comme l’écrasante majorité des STR de son époque. “Un système militaire et économique original !”, on y reviendra parce qu’effectivement, c’est très original. “Une campagne solo de 15 missions !” Incroyable, surtout comparé aux nombreuses campagnes d’un Age of Empires 2 : Age of Kings. “Capacité de contrôler des unités de plusieurs races différentes dans une même partie !”... Bon, je dois continuer ? Parce que là, ça en devient ridicule, on est plus en 1992 a l’époque de Dune 2 : Battle for Arrakis.

Conquête de l’Amérique inversée

Le jeu démarre avec une cinématique en 3D qui annonce tout de suite la couleur quant au budget alloué à The Aztec. Pour le dire sommairement : c’est laid, avec des modèles 3D animés comme des diapositives et un doublage complètement à côté de la plaque. Pour résumer très sommairement ce que la cinématique nous montre : Grand Prêtre Aztèque accueille grand guerrier aztèque. Grand guerrier avide de pouvoir et de guerre veut conquérir monde, grand prêtre dire que dieux pas d’accord, et grand guerrier tuer grand prêtre pour devenir grand prêtre à la place du grand prêtre et partir conquérir afrique avant de conquérir Europe. Et nous voilà aux commandes des armées russes (puisque visiblement, les empires d’Europe de l’Ouest du 17ème Siècle se sont fait poutrer à vitesse Grand V ) qui ont pour rôle de repousser les Aztèques dans un joyeux bordel uchronique qui tient davantage de la parodie que de la bande dessinée Jour J. D’ailleurs le ton est tout de suite donné avec la première cinématique de la campagne, où le protagoniste inspecte un avant-poste… transformé en auberge avec des gardes ventripotents, ivres et avec des animaux se promenant partout.

The Aztec n’ayant pas de manuel, il est donc tout naturellement nécessaire de commencer par le tutoriel ! … Tutoriel qui se trouve tout à la fin de la liste des missions hors campagne, donc déjà, bon courage pour les trouver. Ensuite, il convient de regarder ce que le jeu considère comme un “tutoriel”, c’est-a-dire vous lâcher sur une carte avec trois villes, un nombre de ressources très élevé (mais pas infini), et débrouillez vous avec ça. … Merci le jeu ! Déjà que l’absence d’un manuel correct et d’une quelconque archive expliquant le fonctionnement du titre sur l’internet mondial le rend difficile d’accès, mais si en plus il n’y a aucun effort de fait, pas étonnant que personne ne se soit réellement donné la peine d’apprendre à jouer ! Et n’espérez pas un guide plus approfondi dans la campagne, ce n’est pas mieux.

D’ailleurs parlons un peu du gameplay de The Aztec : le jeu possède une seule ressource (l’or), qui est générée par les mines et les fermes, bâtiments qui ne peuvent être construits que sur des terrains spécifiques, alors il faudra bien gérer le placement de ses bâtiments. Chaque structure construite vous débloque de nouvelles unités, et… Vous savez tout, maintenant il n’y a plus qu’à aller maraver l’adversaire. Oui, le jeu ne s'embarrasse pas d’une quelconque subtilité de gameplay, et les unités ont toutes les mêmes lignes de dialogues, quelques-unes par faction. D’ailleurs, petite astuce : si vous ne trouvez pas les bâtiments que vous cherchez dans l’interface, il y a des flèches sur lesquelles on peut cliquer sur le côté de la liste des structures. Il suffit de cliquer et vous verrez la liste descendre. Il est possible d’améliorer son bâtiment principal, passant d’un Village à une Ville à une Forteresse, chaque bâtiment vous donnant accès à des structures et unités exclusives (oui, parce qu’en faisant évoluer votre Village à une Ville, par exemple, vous perdez l’accès à certaines unités. Brillant.).

D’ailleurs parlons-en, des unités, parce que c’est là que The Aztec bascule définitivement dans le grand n’importe quoi “””””historique”””””. Parce que oui, tout le monde sait qu’au 17ème siècle, les russes possédaient des chars lanceurs de haches géantes comme armes de siège, des vaisseaux volants et des ours dressés au combat ! De même, les Aztèques possédaient bien évidemment des prêtres capables de foudroyer les ennemis façon Empereur Palpatine et des araignées mécaniques avec des balistes comme armes de siège ! Hein ? La troisième faction ? Elle s’appelle les Cathayans (en référence à l’ancien nom donné au nord de la Chine), et bien entendu, ils sont représentés sur la jaquette par des samouraïs japonais, et utilisent des yétis pour aller tabasser les troupes ennemies. Mais, bien entendu, tout ça n’a que peu d’impact sur le gameplay, et les unités de chaque faction, bien que différentes visuellement, sont toutes similaires les unes aux autres, ce qui fait que choisir une faction par rapport à une autre n’a absolument aucun intérêt. A ce niveau là, le bon sens et la véracité historique sont partis en vacances en Corée du Nord et ne vont pas revenir de tout le jeu. Et bien entendu, l’aspect visuel et auditif du jeu est extrêmement triste et donne juste envie d’aller se laver les yeux et les oreilles à la javel.

Conclusion

The Aztec est un très bon représentant de la tonne de STR de basse qualité qui ont déferlé sur les ordinateurs à la fin des années 1990/Début 2000. Qui plus est, celui-ci est passé complètement inaperçu malgré son contexte très… original. A ce niveau, le jeu pourrait presque être considéré comme un nanar vidéoludique, mais la réalisation du jeu est tellement… fade et sans grand intérêt qu’il est difficile pour moi de lui accorder un tel titre. Côté reviews, c’est la vache maigre, avec seulement trois critiques compilées sur la page MobyGames du jeu, dont deux dans une langue que je ne comprends pas. La seule critique en anglais date de 2002 et descends le jeu avec un 30%, ce qui est plutôt approprié. Pour citer ladite critique, d’ailleurs, un joueur d’Age of Empire 2 ferait plus intéressant avec l’éditeur de scénario du titre d’Ensemble Studios, et ce titre ne sert qu’à faire mauvaise presse à la civilisation aztèque. Allez, il échappe à l’Abandonware de Plomb juste parce que les cinématiques sont rigolotes de par leur nullité, mais en dehors de ça, poubelle !

Lancement

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Whitecoal (Jeu, commentaire, screenshots)

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