Mortyr - 2093-1944

Introduction

Mortyr : 2093-1944 est un jeu de tir à la première personne (ou FPS) sorti en 1999 sur PC. Il est développé par les polonais de Mirage Media, un studio situé à Varsovie, actif de 1988 à 2000, année de sa fusion avec une autre entreprise. Fait intéressant, Mirage Media éditera en 1994 le cataclysmique Franko : The Crazy Revenge, sur PC et Amiga, qui fera les choux gras de quelques vidéastes pour son gameplay catastrophique et ses visuels particulièrement laids.

L’édition du jeu sera au coeur d’une série de tractations qui coûteront presque au jeu sa sortie chez nous et aux Etats-Unis : Annoncé en grandes pompes par l’éditeur Interactive Magic, qui présentera le jeu comme “Le successeur de Wolfenstein 3D”, Interactive Magic lâchera l’édition du jeu en même temps que sa division CD-ROM, qui sera récupérée par Ubisoft, mais l’éditeur français refusera d’éditerMortyr, ce qui laissera le titre en suspens quelques mois avant qu’un obscur éditeur, HD Interactive, ne récupère le bébé et ne le sorte chez nous. Étonnamment, la page Wikipedia mentionne également Interplay parmi les éditeurs, mais aucune mention ne sera faite sur les boîtes européennes, les néerlandais de chez Midas Interactive ayant visiblement assuré la distribution chez nous. Ce gloubiboulga ambiant explique sans doute l’absence d’une traduction française du jeu, hormis la jaquette et le manuel, d’ailleurs la page wikipédia française fait carrément mention d’une interdiction de distribuer le titre dans l’hexagone, mais pas moyen de confirmer cette interdiction.

Wolfenstein version bazar temporel

Les joueurs n’ayant pas accès au manuel du jeu vont d’ailleurs très vite déchanter en voyant que le jeu ne s’embarrasse pas de ces poncifs inutiles que sont les cinématiques d’introduction ou même le simple résumé du scénario : Le jeu nous lâche dans un château avec un couteau, et en avant Guingamp, allez zigouiller du nazi. Plus précisément, la cinématique d’introduction existe, mais elle ne se lance pas systématiquement quand on démarre le jeu, et surtout elle ne se relance pas quand on démarre le mode solo, donc si vous l’avez passée par erreur, bah tant pis, vous êtes bon pour redémarrer votre jeu.

Pour comprendre ne serait-ce que le pourquoi du comment on débarque ici, il faut donc se référer au manuel, avec un scénario qui peut être résumé ainsi : “Nul ne sait comment Hitler et ses généraux ont fait pour faire basculer le cours de la guerre et régner sur le monde après avoir fait tomber les villes de Londres, Moscou et Washington. Les Nazis dominent alors le monde. En l'année 2093, la planète est au bord de la ruine, des changements climatiques majeurs poussant l’humanité au bord de l’extinction.

Le joueur incarne Sebastian Mortyr (Surnommé Sven), fils de l'officier-scientifique nazi Jurgen Mortyr. Ce dernier, ayant des remords, accuse les nazis d'avoir dominé le monde et asservi l'humanité. La seule chance de sauver le monde étant de remonter dans le temps afin de changer le cours de l'histoire. Sven est envoyé en 1944, l'année où tout a basculé. Cependant, il atterrit par erreur dans un château isolé du Reich, Sven devra donc s'échapper du château et rejoindre le cœur du Reich millénaire pour sauver le monde.”

FPS(uperbement pas terrible)

Vous avez suivi ? Parfait, parce que c’est la seule bribe de scénario auquel vous aurez droit durant les quelque trois heures nécessaires pour terminer le mode solo. A vous de vous retrouver dans des niveaux qui réussissent l’exploit de vous perdre alors qu’ils sont extrêmement linéaires, en plus d’être particulièrement sombres, notamment le premier niveau qui se passe de nuit dans un château faiblement éclairé, ce qui rend la détection des passages à emprunter parfois difficile. Le jeu est en trois dimensions, et si les modèles ne sont pas les pires qui puissent être faits a l’époque, Mortyr transpire le petit budget et le relatif manque d’expérience du studio à la fois en matière de FPS et en matière de jeu 3D. Divisé en deux époques (1944 et 2093), Mortyr propose un nombre d’ennemis à affronter très limité, avec un nombre d’armes disponibles très limité, en particulier dans la deuxième portion du jeu en 2093 où la variété est absente, sans compter les environnements toujours aussi sombres éclairés uniquement par des néons vantant des strip-clubs accompagnés de photos de demoiselles peu vêtues. Le manuel fait même mention du fait que les ennemis de sexe féminin en 2093 sont plus dangereuses que leurs homologues masculins, différence qui ne se sent pas au niveau du gameplay, soyez rassurés, les deux meurent aussi vite.

Mortyr : 2093-1944 ne possède aucun élément qui puisse le différencier des autres FPS 3D, pourtant déjà pléthoriques en 1999, au point qu’il ne soit pas surprenant que le jeu soit tombé dans l’oubli le plus total chez nous. Qui plus est, tout ce qu’il entreprend est au mieux moyen, au pire mauvais, ce qui n’arrange pas son cas.

Conclusion

Noté 3/10 par Gamespot et 5/10 par IGN, Mortyr : 2093-1944 ne fera pas date dans l’histoire des FPS sur PC, loin de là. Les rédacteurs de chez NextGen diront même que le jeu sera consigné aux bacs à soldes. Cependant, en Pologne, pays où le jeu sera développé, Mortyr bénéficiera d’une certaine postérité, le titre étant parmi les premiers développés dans le pays à ouvertement parler de la Seconde Guerre Mondiale et à représenter le dictateur moustachu. Une postérité qui permettra à Mirage Media de développer une suite en 2004, sobrement appelée Mortyr II. Cependant, en dehors de la Pologne, le jeu est passé inaperçu et est aujourd’hui indisponible sur toutes les plateformes de jeux en dématérialisé.

Whitecoal (Jeu, commentaire, screenshots, scan CD-ROM)

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