Neo-Hunter

Californication

2095. Le siècle qui vient de s'écouler a bouleversé les équilibres économiques et géopolitiques mondiaux. Les Etats-Unis n'ont pas résisté à la montée en puissance des économies Est-asiatiques, et l'Europe a su se montrer unie pour abattre la concurrence des Américains. La technologie a favorisé une bulle spéculative qui a ruiné les Etats-Unis, qui se retrouvent effacés du podium international. Les autoroutes de l'information, les téléphones portables, les véhicules volants sont devenus le fer de lance de la nouvelle économie, et la science met au point des techniques de clonage humain ou la standardisation de robots et autres Cyborgs pour faire la guerre à outrance. En 2040, un séisme transforme la Californie en île, et cette terre dévastée se transforme en espace de désolation. Mais dès 2042, les entreprises de haute technologie, et également la pègre internationale, viennent s'établir sur ce nouvel eldorado qui monte en puissance. Un courant indépendantiste réussit à transformer l'île en Calia ( Aire de Californie Indépendante) et ce petit Etat est propulsé vers le sommet de la puissance. Alors que la morale perd en intensité, face à la question des technologies, le Sénateur McAllister prend la tête d'une fronde anti-clonage humain et défie l'autorité des firmes multinationales de Calia, a l'instar de Styx Industries, leader des technologies axées sur les applications militaires. En 2095, le sénateur est assassiné, et c'est le policier Rick Gage, dont le père a lui aussi été abattu pour avoir lutté contre la pègre alliée à la technostructure, qui se lance dans une enquête pour délier tous les fils d'une intrigue complexe. Une cinquantaine de missions vous attend, avec des moments de rail shooter et d'autres plus portés vers la résolution d'énigmes. Au travail, Rick !

Rail Shooter et résolution d'énigmes

Neo-Hunter se présente comme un jeu hybride, avec des phases de tir en mode rail shooter, et des moments de gestion de votre arsenal : vos contrats réussis vous procurent des récompenses que vous optimisez en achetant de quoi upgrader votre équipement : des armes, des recharges, des boucliers. Bien entendu, vous allez devoir faire des choix car vous ne posséderez jamais assez d'argent pour acheter tout ce que vous désirez. La touche 'Echap' vous donne accès aux préférences (sensibilité de la souris, niveaux de difficulté, niveau sonore) et vous pouvez sauvegarder ou charger vos parties. Votre PDA, en haut de l'écran à gauche, vous permet de comprendre l'évolution de l'intrigue (diary = journal), les contrats à faire, la chronologie de Calia, les biographies des principaux personnages, y compris votre avatar, ainsi que votre équipement et votre épargne.

Sur la map, la zone en bleu est l'armurerie la plus proche : c'est là que vous allez vendre ou acheter pour équilibrer votre équipement avant d'aborder un contrat. La zone en rouge c'est le coin à nettoyer, avec votre prochain contrat. Enfin, le point lumineux vert c'est votre repaire, votre appartement, là où vous pouvez vous entraîner à tirer sur des cibles à travers les huit niveaux du Shooting Range. En outre, de nombreux puzzles vous attendent, pour faire des mini jeux et vous redonner le moral entre deux contrats. Le Net Runner est un puzzle où il faut connecter des drones afin de hacker le système. Le DNA Splicer est un système que vous devez réparer, et le Spectrum Analyzer vous amène à connecter des faisceaux lumineux pour diriger un rayon sur des artefacts.Enfin, le CD player vous met en relation avec une vingtaine de morceaux de musique à essayer, afin de ne pas rester sans arrêt avec un seul morceau en boucle.

Bien entendu, les missions s'enchaînent selon un mode linéaire, et il n'existe pas de cheat code pour sauter les niveaux ou pour upgrader artificiellement votre arsenal, ce qui va vous amener à ressentir de la difficulté asssez tôt. Les contrats sont assez compliqués à remporter, car vous êtes seul en face d'une pléthore d'ennemis disséminés dans le décor. Je n'ai pas su comment changer d'armes en cyclant l'inventaire en jeu, mais en appuyant sur Maj et Verrouillage Maj, on peut injecter des recharges de munitions et de la santé pendant les fusillades. [ Si, je suis revenu au jeu depuis ma rédaction du test, et en appuyant sur Z en cours de jeu, vous pouvez récupérer les armes plus puissantes mais qui ont des munitions limitées ]. Certains contrats nécessitent de pirater le système informatique ou de déverrouiller des codes de serrures en utilisant votre savoir-faire acquis dans les mini jeux de votre appartement.

Attention, le jeu est avant tout un jeu d'action réservé à un public de jeunes adultes, avec des dialogues crus et des personnages inspirés par les séries noires d'autrefois. Et si vos ennemis ont souvent des visages similaires, cela vient du fait que les gangs usent de soldats clonés.

De la chambre vaudoue à la lumière de la vie

Ce jeu qui ne ressemble à nul autre a un destin bien singulier : Né dans le creux de l'imagination fertile de Kalani Streicher et de Edward Kilham, deux développeurs de LucasArts, le projet a pris le nom de Calia 2095. Kalani Streicher, que ses copains appellent The Kalanster, est né en Allemagne d'un père allemand et d'une maman hawaienne. C'est en 1988 que le jeune diplômé de sciences appliquées de l'Université de Francfort débarque à Austin pour travailler dans le segment du jeu vidéo. Il entre chez LucasArts et a pour mission de traduire les dialogues en allemand, français et italien. Sa disponibilité et sa créativité le font remarquer au point de devenir l'un des collaborateurs les plus actifs autour des jeux Star Wars. X-Wing, Tie Fighter et Dark Forces lui donnent une aura si grande que Kalani songe à créer un véritable projet à partir de sa propre storyboard.

Au cours de ses six années passées chez LucasArts, il a forgé une amitié très forte avec Edward Kilham, aussi doué que lui, mais sans doute davantage porté vers la programmation. C'est ensemble que les deux hommes ont façonné ce projet de science fiction aux accents cyberpunks. Mais en 1994, LucasArts leur fait savoir que ce projet n'est pas retenu, malgré l'engouement du public pour Loom, auquel les deux hommes ont collaboré. La rupture ne semble pas avoir été mal supportée car Streicher et Kilham ont quitté LucasArts pour fonder Ronin Entertainment, avec un autre transfuge, Harrison Fong, plus spécialisé dans le design, et qui va donner un aspect cartoonesque envoûtant au jeu.
Calia 2095 va connaitre son développement, mais avec un nom inédit, Neo-Hunter.

Deux années sont nécessaires pour aller au bout de ce projet exceptionnel, avec des dialogues riches en rebondissements, écrits par Orson Scott Card, l'une des plus subtiles plumes de la science fiction américaine. Pour les besoins de son récit, le romancier a même créé un catalogue de mots inédits pour coller avec cette dystopie de la mondialisation, et que le manuel vous traduit avec un lexique pertinent. Le joueur devra avancer dans un gameplay ponctué de séances de tir, avec des contrats juteux qui amènent les chefs mafieux à donner des indices au joueur. Le gameplay permet de jouer dans des décors pixelisés mais qui donnent aux ennemis un éclairage particulier. Les choix du joueur permettent de zoomer automatiquement sur le visage de l'ennemi ciblé. Certes, le jeu est lassant, répétitif, difficile, mais il apporte une dimension action-aventure-gestion-puzzle et vise à réconcilier des catégories de joueurs opposés jusqu'ici : Un fan de Doom et un joueur rompu à Myst étaient censés pouvoir trouver autant de plaisir à user leurs cartouches et leurs neurones sur ce titre.

Conclusion

Ce dessin animé orienté comics est surprenant : certes, les graphismes sont un peu pixelisés et le gameplay est répétitif, mais le charme opère : sous la patte de Orson Scott Card, on retrouve les peurs souterraines d'une Amérique en plein doute, au cours de la décennie des années 1990 : peur du déclassement international, peur d'une mondialisation aux effets pervers, d'une pollution aux effets dévastateurs, et même du Big One qui détruira un jour la Californie : L'Amérique inquiète pour son devenir post-guerre froide s'affiche dans cette histoire où l'atmosphère cyberpunk retranscrit parfaitement le malaise palpable.
Pour le reste, le jeu est brouillon dans les phases de tir, propose des énigmes qui intéressent peu les fans de jeux d'action, et pourra lasser après une quinzaine de missions. Le jeu est très original, avec un ton adulte qui tranche avec ce design de dessin animé un peu bâclé. Moi qui l'ai testé pour vous le présenter, j'ai passé de très agréables heures avec lui, mais je m'en suis finalement lassé, sans doute parce que je l'ai trouvé difficile à contrôler avec une souris qui répond trop doucement face à des vagues d'ennemis de plus en plus coriaces. Manuel et connaissances en anglais sont impératifs !

Lancement

Le jeu a été testé dans sa version automatisée, mise au point par notre team technique : téléchargez, installez et jouez !

Old-Games.RU (Jeu, manuel, Scans boîte)

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