SOFTKEY INTERNATIONAL

1986 1998PuceCanada Toronto (voir sur l'atlas)
Softkey Software Products est une société canadienne d'édition de logiciels démarrée par Kevin O'Leary dans sa cave à Toronto en 1986. Son catalogue est constitué d'applications bureautiques et utilitaires développés par des auteurs externes, et vendus à bas prix. SoftKey diversifie autant que possible son catalogue, et le vend dans de chaînes grand public comme Walmart (qui impose des prix bas) et Costco, et même dans des endroits plus inattendus comme une chaîne californienne de boutiques de matériel de pêche. Pour atteindre son objectif, Kevin O'Leary réduit le budget recherche et développement et privilégie le packaging et les ventes en grandes quantités à la qualité.

En 1992, SoftKey réalise 36,8 millions de dollars canadiens de ventes, et un profit de 6,1 millions, le plus gros de ces chiffres venant de ses logiciels de gestion des impôts. SoftKey est alors la compagnie canadienne à la croissance la plus rapide. Elle continue de grossir en acquérant d'autres sociétés, souvent par lot au cours d'un trimestre afin de présenter un chiffre d'affaires en hausse les autres trimestres. SoftKey édite également des compilations de sharewares et freewares sur CD-ROM, qui ne coûtent rien à produire, et des CD-ROMs à tarif budget de qualité médiocre qui tendent à tirer les prix vers le bas et nuisent aux ventes des sociétés concurrentes (voir Trivia 1). Kevin O'Leary repère alors un secteur en pleine croissance : le logiciel éducatif. En 1995, il rachète The Learning Company en faisant une meilleur offre que Broderbund, et en prend le nom. Trois ans plus tard, le groupe The Learning Company est la deuxième plus grosse entreprise de logiciels grand public d'Amérique du nord derrière Microsoft, avec en sa possession 20 autres compagnies, des logiciels en vente dans plus de 15.000 points de ventes, et des ventes estimées à 840 millions de dollars - et 105 millions de pertes. Mais dès 1996, les experts-comptables et analystes financiers qui se penchent sur ses comptes sont pour le moins sceptiques, voire inquiets (voir Trivia 2). Malgré ces mises en garde, Mattel annonce le rachat de The Learning Company fin 1998. Le reste de cette histoire peu reluisante est détaillé dans la fiche de Mattel Media.

En août 1999, les deux présidents de The Learning Company, Michael Perik et Kevin O'Leary, revendent 250.000 de leurs actions Mattel, soit un montant de 5,9 millions de dollars, qui s'ajoutent à leurs salaires annuels de 650.000 dollars. En novembre, ils quittent la société avec un parachute doré de 5,2 millions de dollars chacun (voir Trivia 3).

Adresse (US) : 201 Broadway, Cambridge, MA 02139
Adresse (F) : Personal Soft, Parc des Barbanniers, 5, Promenade de la Bonnette,92230 Gennevilliers

Trivia 1
Le journal canadien National Observer a publié un article édifiant sur le système SoftKey en 2016.

Trivia 2
Avis aux amateurs : le "Center for Financial Research and Analysis" de Rockville parlent de bénéfices surestimés, d'endettement excessif, de congédiement suspect de ses auditeurs et de conflits d’intérêts avec les membres de son comité d’audit. L'analyste Sean McGowan qualifie The Learning Company de "château de cartes" et évoque des invendus qui dormaient dans les inventaires des revendeurs, ainsi que des soupçons de double comptabilité et de ventes surestimées. Enfin, en 2002, le cabinet juridique Milberg Weiss Bershad Hynes & Lerach LLP, embauché dans le cadre d'un des procès intentés par les actionnaires de Mattel, révèle qu'avant le rachat, les deux dirigeants de The Learning Company (Kevin O’Leary et Michael Perik) usaient de diverses méthodes pour gonfler les chiffres de l’entreprise : dissimuler des comptes débiteurs irrécouvrables, avoir des accords secrets de non-retour d'invendus avec de gros clients, retarder la déclaration des retours d'invendus pour embellir les chiffres trimestriels, envoyer davantage de produits aux clients que nécessaire afin de les compter comme des ventes, louer un espace de vente excessif aux revendeurs pour augmenter artificiellement sa part de marché...

Trivia 3
En 2011, Kevin O’Leary a sorti son autobiographie, "Cold, Hard Truth", dans laquelle il explique notamment que la bureaucratie de Mattel l'a empêché de mettre en place sa stratégie et qu'ils n'ont pas compris l'aspect disruptif et innovateur se sa société. Évidemment. Depuis 2004, il a participé à plusieurs émissions de téléréalité, et s'est essayé à la politique en tentant de devenir chef du Parti conservateur du Canada. Toute comparaison avec un célèbre ex-chef d'entreprise vidéo-ludique française serait vraiment malvenue.
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