Spec Ops : Ranger Assault

Entre Tomb Raider et Quake, il y a Spec Ops

Jusqu'en 1997, Doom et Quake sont les références inconditionnelles des joueurs de FPS / tir. Et Eidos a révolutionné le jeu d'action / aventure avec Lara Croft, la sexy héroïne de Tomb Raider. En 1998, les deux univers semblent presque prêts à fusionner avec Spec Ops. Alors que Commandos révolutionne le jeu de guerre au printemps 1998, le développeur Zombie fait irruption sur le devant de la scène avec ce titre audacieux. Irruption, oui, car ce studio avait produit Zork Nemesis et Locus, ce qui est pour le moins éloigné de l'univers des commandos en quête de gloire.

A travers cinq missions qui vous entraînent de Russie en Colombie en passant par la Corée du Nord, vous et un second ranger, à qui vous donnez des ordres et que vous pouvez incarner tour à tour, vous allez devoir aller au bout de dangereuses aventures, le plus souvent nocturnes.

Autant vous le dire tout de suite, cinq missions, sur le papier, c'est très rapide. Mais en réalité, ne comptez pas aller au bout de la quête vous conduisant sur l'épave de l'Aurora en Sibérie (nom de l'avion-espion abattu par les Russes) avant de longues heures. La mission est jalonnée d'étapes en temps limité, et il faudra apprendre à courir en zigzag, avancer avec votre camarade en quinconce, donner des ordres et agir, jongler avec votre inventaire, ne pas oublier de recharger votre arme ou de prendre des médicaments dans les moments calmes. Pas de carte, juste un GPS qui vous indique la direction selon les points cardinaux. Et une touche F7 qui vous donne un aperçu légèrement aérien du champ de bataille autour de vous. Des véhicules à détruire, des mines à éviter, des bâtiments à fouiller, vous allez sacrément en baver, pour aller au bout de la dernière mission.

Dans le menu de démarrage, on vous demande si vous voulez être un soldat, un caporal ou un sergent : vous avez compris que ces grades correspondent à un niveau de difficulté. Optez donc pour la facilité, et soyez un soldat, pour avoir en face de vous des ennemis qui ont oublié de réfléchir avant de tirer à l'aveuglette.

Mais ne jubilez pas ! Même avec une IA ridicule, vos ennemis sont nombreux et sournois, et vous allez vite vous rendre compte que courir en tirant est impossible dans ce jeu : on s'arrête pour tirer, on marche de côté, on rampe, on compte sur le camarade (et on évite de le sacrifier car il est une autre incarnation de vous-même).

Chef d'oeuvre ou grand bof ?

Vous avez compris en lisant la présentation que Spec Ops est un jeu innovant, qui rassemble deux publics différents pour servir un nouveau type de jeu de guerre-aventure et simulation. Vous avez compris aussi que l'IA est plutôt ridicule (mais ne permet pas de baisser le niveau de difficulté). Pour les points négatifs, on retiendra également ce chronomètre qui vient vous placer en Game Over sans être tué, dès que vous avez écoulé votre temps imparti. La question est : pourquoi un chrono pour courir au milieu des ennemis ? Pour éviter une mise à mort d'otages ou désamorcer une bombe, on peut le comprendre, mais pour une mission au coeur de la Sibérie ou de la campagne coréenne, c'est abscons !

Le jeu a été développé pour la version "software" et pour la version 3Dfx : prenez la version 3Dfx, car les représentations des forêts et bâtiments en version software, c'est ridicule. On ne voit rien, les détails sont insignifiants, tout a mal vieilli. Mais en version 3D, le jeu reste fluide et conserve de beaux restes. Par contre, il faudra m'expliquer pourquoi les balles n'atteignent pas l'ennemi derrière une clôture, et pourquoi, quand deux ennemis m'encerclent, mon avatar cherche à dégommer d'abord l'ennemi le plus éloigné (donc le moins menaçant), ce qui se solde par des blessures ou la mort assurées.

Grand bof, c'est cela que vous vous attendez à lire, hein ?

Les personnages ont des mouvements qui ont été réalisés grâce à des capteurs placés sur de vrais soldats, le tout modélisé avec des logiciels qui ont permis de rendre la course la plus réelle possible, l'accroupissement parfait, le rampement idéal, et on peut terminer par cette performance des corps en mouvement, des bruits de balles qui fusent, des branches qui fouettent votre poitrine au passage de votre course effrénée. Un beau travail de Mark Long, co-fondateur de Zombie, vétéran de l'armée américaine, ranger émérite, qui a en outre dirigé un laboratoire d'ingénierie pour l'armement des commandos. Mark Long, avec cette entrée dans le jeu de guerre, s'apprête à devenir un des plus grands développeurs de jeux de guerre des années 2000, avec la licence Spec Ops, et d'autres licences encore.

Alors, grand bof ou chef d'oeuvre ?

Pas de multijoueurs (alors que l'on joue pour deux rangers !), une IA pas terrible, des graphismes mi-figue mi-raisin, ça ne milite pas pour l'Abandonware d'or. L'add-on (non disponible sur la fiche à l'heure de ce test) a réparé l'absence de multi et a ajouté trois missions dont une spéciale "Vietnam année 68". Moi, je range mon abandonware d'or dans son étui, et je le ressortirai pour Spec Ops 2, promis-juré-craché-compte pas !

Lancement

Le jeu a été développé pour être compatible avec Windows 98 et un Pentium équipé de la carte 3Dfx. Je l'ai installé sur mon ordi Windows 7 et ai pu y jouer en mode compatibilité Win 98, en lançant le jeu depuis le dossier d'installation. Amusez-vous bien !

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