Kreed

Introduction

Kreed (aussi appelé "The Kreed", ou "Kreed : Battle for Savitar") est un jeu de tir à la première personne (ou FPS) sorti en 2004. Originellement développé en Russie en 2003 par le studio Burut et édité par RussoBit, le jeu a miraculeusement trouvé son chemin dans nos rayons grâce à l’éditeur américain Acclaim, qui s’est occupé de le localiser dans la langue de Molière.

On peut se demander ce qui a motivé Acclaim à aller chercher un obscur FPS russe pour le distribuer au public occidental… Est-ce parce que le FPS de Science-Fiction était à la mode en 2004, avec des titres comme Halo ou Unreal Tournament 2003 qui faisaient fureur chez les joueurs ? Parce queKreed avait su attirer l’oeil de la presse occidentale grâce à des captures d’écran alléchantes, au point d’attirer également des éditeurs ? Je ne sais pas, et à vrai dire vu la qualité de Kreed, je ne vais pas m’embêter à aller demander àAcclaim.

Bons baisers (empoisonnés) de Russie

Le petit manuel fourni dans la boîte de Kreed nous dresse rapidement le contexte du jeu : au 30ème siècle, la race humaine se trouve aux prises avec une civilisation particulièrement belliqueuse : Tiglaary, une race insectoïde ayant pour mission de dominer intégralement la galaxie et de réduire toutes les autres races en esclavage. L’opposition humaine mènera à la création de la Légion, maquisards du futur (en tout cas c’est la comparaison qu’utilise le manuel français) qui s’alliera avec la Confédération, un regroupement de colonies humaines pour mettre une raclée aux tiglaarys et les repousser hors des frontières humaines. Depuis, chaque camp s’épuise à tenter de prendre l’avantage sur l’autre sans pour autant y parvenir.

Arrive Kreed : une anomalie spatiale provoquant la disparition de nombreux vaisseaux humains et tiglaarys et qui est une sacrée épine dans le pied des deux camps. Par dessus le marché, l’anomalie semble attirer l’attention d’une secte qui vénère… Et bien quoi que ce soit à l’intérieur de ladite anomalie. Problème : un des leaders de la Légion semble avoir disparu au sein de Kreed, et ça, les humains n’aiment pas. Ils vont donc dépêcher une escouade d’intervention pour châtier le traître, et forcément, au sein de cette escouade, il y a vous, Daniel Grok. Forcément, le voyage ne va pas se passer comme prévu, et atteindre Kreed va se révéler plus complexe et dangereux que prévu, sinon ça ne serait pas drôle, et Krog va devoir dessouder humains, tiglaarys et… d’autres trucs pour mettre la main sur le traître et le ramener chez lui, mort ou vif.

Bon, on ne va pas se mentir, on a vu plus intéressant comme scénario, et ce n’est pas l’hilarante cinématique d’introduction qui va aider le joueur à se sentir impliqué. Il semblerait que le budget qu’Acclaim a gentiment donné à l’équipe de localisation soit égal à un dollar zimbabwéen, car dans cette seule cinématique, malgré le fait qu’il y ait plusieurs personnages qui parlent, un seul doubleur est mobilisé, et pour différencier les voix, ils se sont contentés… de changer la hauteur des voix. Nous avons donc des leaders de la légion qui parlent comme des chipmunks et un soldat dont la voix est si grave qu’elle semble tout droit sortie d’une saga MP3 amateure du début des années 2000. Autant dire qu’après avoir vu ça, je n’attendais vraiment pas grand-chose deKreed… Et pourtant, je n’avais même pas commencé à jouer !

Qui a éteint la lumière ?!

Si vous êtes allé voir les screenshots qui accompagnent cette fiche, vous pourrez voir que le jeu est sombre. Très sombre. EXCESSIVEMENT SOMBRE. Je ne sais pas si le jeu a été développé par des loups-garous ou si le village de Thiercelieux est le sponsor officiel deKreed, mais avec ma vision normale, d’humain normal, il est très très difficile d’y voir quelque chose en dehors des quelques endroits faiblement éclairés. Vous allez donc tourner en rond pendant de loooooooooooooongues minutes à chercher un passage qui est pourtant sous votre nez mais qu’il est impossible de voir car aucune lumière n’est présente ! Pour vous donner une idée, j’ai mis 10 minutes à faire des allers retours dans les premières salles du premier niveau car le conduit par lequel il faut passer était caché dans une zone non éclairée (et bien sûr, pas de lampe torche…) !

Si c’est une manière d’augmenter la durée de vie du jeu (qui soit dit en passant dure environ cinq heures si j’en crois des longplay sur Youtube), c’est déplorable ! Oh, d’ailleurs, petit conseil si vous lancez le jeu : allez immédiatement dans les options et dans les commandes pour mettre les touches par défaut, car de base, AUCUNE touche n’est associée à aucune commande, vous ne pourrez donc pas jouer, purement et simplement. Oui, c’est débile, oui ça n’a pas de sens, et oui je ne comprends pas comment ce genre de truc puisse arriver sur un jeu sorti en 2004 !

Côté musique et bruitage, c’est en dessous du minimum syndical : les ennemis font des bruits étranges qui se paient en plus le luxe d’être saturés (porteurs de casques, vous allez passer un excellent moment), les sons des armes sont indignes du premier opus de Doom, et votre personnage pousse des hurlements à chaque coup qu’il reçoit. Côté graphismes, on est encore dans le bas du panier de ce que le genre offre pour l’époque : des jeux sortis bien avant Kreed (coucou Unreal ou Star Trek The Next Generation : Klingon Honor Guard) bénéficient pourtant de modèles plus soignés, qu’il s’agisse des ennemis ou des décors. La mise en scène des cinématiques est risible, surtout comparée à des titres sortis au même moment (pour rappel, en 2004 sortait par exemple Doom 3), et les armes n’ont pas de recul et n’offrent aucune sensation lors des tirs. Dernier clou dans le cercueil : l’arsenal. Oubliez le Canon Flak d’Unreal Tournament, le Needler de Halo ou même le fusil à pompe à double canon de Doom II. En fait, non, vous pouvez les garder en mémoire car vous croiserez des armes extrêmement similaires dansKreed, jusque dans leur design. Oubliez également l’interface diégétique comme dans Halo : il faudra vous contenter de bêtes panneaux en bas de l’écran pour connaître votre barre de vie ou vos munitions.

Conclusion

Bon sang que c’était chiant. Kreed n’est pas atrocement mauvais, il n’a juste aucune âme. Tous les designs semblent être des repompes de titres du même genre sortis avant, le doublage anglais est mauvais, et rien ne peut le distinguer de ses concurrents plus prestigieux. Au moins le jeu propose un mode en ligne, je suppose ? Pas que beaucoup de gens s’y soient essayés à l’époque, j’imagine.

Côté presse, ça n’est pas bien glorieux non plus. 8/20 sur JeuxVideo.com (et encore, c’est une bonne note vu la qualité du titre), 3/10 chez Gamekult… Clairement, le titre d’Acclaim n’a convaincu personne, ce qui explique sûrement pourquoi on ne l’a jamais revu sur Steam, GoG ou d’autres plateformes. Kreed rejoint donc le rang des clones de jeux populaires du moment, mais qui n’innovent en rien et se contentent d’essayer de grignoter des parts de marché… sans vraiment y arriver.

Whitecoal (Commentaire, screenshots, Jeu, scans CD-ROM)

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