TITUS

1985 2004PuceFrance Gagny (voir sur l'atlas)
Autres noms : Titus Interactive, Titus Ltd.
Après avoir échoué deux fois à avoir le bac, Éric Caen décide de gagner sa vie en programmant des jeux vidéo. Avec son frère Hervé, ils travaille sous le nom E+H Services pour le compte d'autres sociétés : D3M Software (voir Trivia 1), Matra, Loriciels, Sprites... Les deux frères décident de publier eux-mêmes leurs jeux, et fondent Titus le 15 avril 1985 (voir Trivia 2). Les premiers employés sont Gil Espèche, Alain Fernandes et Jean-Charles Meyrignac. Les premiers jeux à sortir sous le label Titus sont Erebus, Maddog, puis Crazy Cars sur Amiga et CPC en fin d'année 1987. Sorti peu de temps avant les conversions officielles de Out Run par U.S. Gold, Crazy Cars projette Titus sur le devant de la scène. La société voit grand : elle ouvre une filiale aux États-Unis et multiplie les jeux de course ou de pilotage de vaisseau utilisant le moteur de Crazy Cars. Autre titre mémorable : Titan, le casse-briques multi-directionnel sur CPC de Philippe Pamart (voir Trivia 3).

Pourtant, tout n'est pas rose. Jean-Charles Meyrignac écrira des années plus tard sur son blog que l'ambiance que les conditions de travail sont déplorables : deadlines trop courtes, crunch, jeux baclés et pas testés, pression des dirigeants qui se vantent de trouver des programmeurs dans des poubelles... De plus, un jeune programmeur fraîchement embauché (appelé François G.) se révèle être un pirate qui va envoyer le jeu Knight Force aux réseaux pirates avec un modem emprunté à la société (voir Trivia 4). De 1989 à début, Titus va subir une vague de départs, en partie à cause de ces conditions de travail : Jean-Charles Meyrignac et Philippe Pamart partent développer Windsurf Willy pour Silmarils, Laurent Cluzel embarque - littéralement, en voiture - Frédéric Markus avec lui pour aller chez Ubi Soft, Olivier Corviole et Alain Fernandes s'en vont eux aussi (voir Trivia 5). En 1990, il y a aussi l'affaire de la mystérieuse borne d'arcade Fire & Forget II, réalisée par Titus dans un meuble très proche de celui d'After Burner II, et qui ne fera qu'une apparition publique, à l'Amstrad Expo 1990, derrière un cordon de sécurité pour que personne n'y touche. Sa seule utilité a été de figurer sur la publicité du jeu pour le faire passer pour une adaptation d'arcade (voir Trivia 6). Enfin, Titus signe avec Nathan Logiciels et Disney Interactive un accord pour réaliser et distribuer des jeux sur licences Disney - accord qui ne dure qu'un an, et qui sera ensuite conclu avec Infogrames.

En 1991, Titus rachète Palace Software, pousuit ses signatures de licences : Prehistorik, The Blues Brothers et Les Aventures de Moktar (projet lancé avec avoir réalisé des animations pour le clip de "La Zoubida" de Lagaf') redressent la réputation de la société après plusieurs sorties peu flatteuses. Crazy Cars 3, Super Cauldron et Prehistorik 2 complètent cette série gagnante. Titus passe également aux consoles : au CES de janvier 1990, Titus était un des trois seuls éditeurs européens autorisés par Sega à développer sur Master System (Fire & Forget II).Fire & Forget II. Hervé Caen va aussi faire des pieds et des mains au siège japonais de Nintendo pour obtenir une licence de développement, et cette collaboration va être nettement plus fructueuse : The Blues Brothers sur NES, Monster Max et Un Indien dans la ville sur Game Boy, Prehistorik Man, Whizz et Power Piggs of the Dark Age sur Super NES...

Les années 1994/1995 sont plus délicates, avec des titres dispensables (Lamborghini American Challenge, une ressortie de Crazy Cars 3 avec quelques changements) ou sortis confidentiellement (Quik the Thunder Rabbit), le tout sur fond de difficultés financières (voir Trivia 7). Sur PC, seul Virtua Chess se fait remarquer. En revanche, la production sur consoles 16 bits est plus soutenue. Pour développer sur machines 32 bits, Titus a besoin de se refinancer, mais il n'y a pas de solution adaptée en France, et l'option de cotation de NASDAQ est écartée en 1994 car elle implique d'ouvrir un centre de développement aux USA pour s'assurer la confiance des investisseurs. Titus entre sur le marchéhors cote en octobre 1996, puis au Nouveau Marché le 8 juillet 1997. Ces nouvelles possibilités financières permettent à Titus d'étendre à la fois leur développement interne et leurs activités externes d'édition. Les années 1996/1997 sont également marquées par la sortie de CD-ROMs comme Strip-Poker pro, L'Affaire Morlov et Bernard Loiseau Interactive, qui n'aident pas à cerner la stratégie de l'entreprise, et automobili Lamborghini, un des premiers jeux de course sur Nintendo 64, qui fonctionne suffisamment pour qu'Éric Caen s'achète une vraie Lamborghini (voir Trivia 8).

Toujours avide de croissance, Titus rachète en 1998 la société britannique Digital Integration et l'américain BlueSky Software, puis devient actionnaire majoritaire de Virgin Interactive en 1999 et d'Interplay en août 2001. Dès lors, les comptes de la compagnie, qui étaient stables grâce à une gestion minutieuse, plongent dans le rouge, à cause de la masse salariale et des difficultés d'Interplay. De plus, malgré l'acquisition de licences bien mainstream (voir Trivia 9) ainsi que des réalisations toujours plus abouties, la qualité des titres va en décroissant. Des titres comme Superman (1999), Blues Brothers 2000 (2000) et RoboCop (2003) sont unanimement reconnus comme ratés. Titus fait faillite le 3 janvier 2005. RIP

Adresse (FR, 1985-1996) : 28 ter avenue de Versailles, 93220 Gagny
Adresse (FR, 1996-1998) : 310 avenue Daniel Perdrigé, 93370 Montfermeil
Adresse (FR, 1998-2004) : Parc de l'esplanade, 12 rue Enrico Fermi, 77400 Saint-Thibault-des-Vignes
Adresse (FR, ?) : 3 rue des Mimosas, 06400 Cannes
Adresse (US) : 20432 Corisco Street, Chatsworth, CA, 91311

Trivia 1
Éditeur de leur tout premier jeu, logiquement baptisé One.

Trivia 2
Il n'est pas évident de savoir si Titus est bien une dénomination d'entreprise ou un label d'édition d'une maison-mère qui se serait appelée "Leisure Holding" ou "ML2T". Ce qui est sûr, c'est que le nom a été inspiré par la série "Titus le petit lion", qu'Éric Caen adorait quand il était enfant.

Trivia 3
Titan a eu droit à un nombre conséquent de portages, notamment une version CD-i déjà en développement en 1990 alors que la machine de Philips ne sortirait que deux ans plus tard, et une version FM-Towns pour le marché japonais réalisée par la filiale américaine.

Trivia 4
L'histoire est racontée dans le numéro 28 de Micro News.

Trivia 5
Difficile de savoir qui les a remplacés, puisque les jeux Titus sortis entre 1990 et 1992 sont presque toujours dépourvus de crédits - si vous savez qui est derrière Dick Tracy et Le Crime ne paie pas, cela nous intéresse.

Trivia 6
C'est peu surprenant de la part de Titus, puisque la publicité de Crazy Cars 2 montrait des captures d'écran truquées avec des éléments qui n'apparaissaient pas dans le jeu !

Trivia 7
Dans un article à la gloire de Titus paru dans le numéro de L'Entreprise d'octobre 1998, on apprend qu'à cette époque la société "a frisé le dépôt de bilan à la suite d'un détournement de fonds", sans plus de détails, et a été abandonnée par ses banquiers.

Trivia 8
Il semble y a voir une folie des voitures chez les frères Caen, puisque Slimane Berri, testeur chez Microïds, a raconté dans une interview que l'un d'eux roulait auparavant dans une Corvette qu'il se fera ensuite voler !

Trivia 9
Pour 1999, notamment, droits de la franchise "Top Gun" auprès de Viacom Consumer Products et auprès de Universal Studios Consumer Products Group, droits sur les adaptations de deux séries TV de la chaîne Studios USA : "Xena: Warrior Princess" et "Hercules : The Legendary Journeys". Et toujours auprès d'Universal, droits sur l'adaptation du film "Blues Brothers 2000" d'Universal Pictures.
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